Unroi sans divertissement. Collection Blanche , Gallimard. Parution : 28-01-1948. Une pensée vieille comme le monde, sur laquelle ont brodé Montaigne, Bossuet et La
RĂ©sumĂ© du document Jean Giono, lorsqu'on l'interrogeait sur son roman Un roi sans divertissement â paru en 1946 â disait que s'il devait donner une dĂ©finition de l'homme, elle serait la suivante L'homme est un animal avec une capacitĂ© d'ennui ». Phrase qui rĂ©sume toute la tragĂ©die de celui qui occupe la place primordiale dans ce roman Langlois. Langlois est un gendarme qui arrive dans un petit village de montagne, qui vit repliĂ© sur lui-mĂȘme, pour Ă©lucider une sĂ©rie de disparitions inquiĂ©tantes de villageois. Il devine trĂšs vite qui est le coupable, avec l'aide d'un villageois, FrĂ©dĂ©ric II. L'auteur des disparitions â et meurtrier puisque les disparus sont morts â M. V est exĂ©cutĂ© illĂ©galement par le gendarme, qui donne ensuite sa lettre de dĂ©mission et quitte le village, pour logiquement ne plus y revenir. Or, le contraire se produit Langlois revient ! Entre temps, il est devenu commandant de louveterie... Sommaire Dans le texte de Pierre Loti, il s'agit d'une relation et d'un rĂ©cit de voyage Les points de vue des protagonistes sur cette soirĂ©e sont donc diffĂ©rents Extraits [...] Langlois atteint vĂ©ritablement sa vĂ©ritĂ© lorsque Anselmie a coupĂ© la tĂȘte d'une oie et qu'il regarde, fascinĂ©, le sang qui coule. Langlois contemple son Ăąme dans le sang comme dans un miroir. C'est le sang qui le fascine, mais aussi son Ăąme et ce qu'il y dĂ©couvre. Cela se transforme en une auto-fascination, celle que connaissait le hĂȘtre, autre monstre sacrĂ© du roman. Langlois dĂ©couvre qu'il n'est qu'un roi sans divertissement et donc un homme plein de misĂšres selon Pascal, mais quel roi ! [...] [...] Non, Langlois reste simple puisqu'il continue de loger au CafĂ© de la Route tenu par Saucisse. Langlois devient mystĂ©rieux et, comme le disent les villageois, son Ćil noir fait un trou un peu plus profond qu'auparavant Ils disent aussi qu'il est monacal et militaire Les villageois, qui Ă©videmment ne comprennent rien Ă cette attitude, reportent leur affection, et leur estime sur le cheval de Langlois qu'ils baptisent en secret Langlois Langlois correspond donc pour eux Ă un mystĂšre insoluble. C'est pour cette raison que longtemps aprĂšs son suicide, ils interrogent Saucisse pour essayer de rĂ©soudre l'Ă©nigme Langlois. [...] [...] Anselmie raconte le passage oĂč elle a dĂ» dĂ©capiter une oie pour Langlois et le fait que celui- ci a simplement regardĂ© couler le sang sur la neige blanche et pure. Nul ne peut comprendre, sauf peut-ĂȘtre Saucisse, que Langlois avait alors enfin compris quelle fascination le sang mais aussi le Mal pouvait exercer sur lui. De lĂ sa tristesse infinie car il atteint la vĂ©ritĂ©, sa vĂ©ritĂ©. Il sait qu'il est dĂ©sormais soumis aux mĂȘmes pulsions que et que la seule façon d'Ă©viter de devenir un meurtrier est de se supprimer. Langlois est profondĂ©ment intelligent. [...] [...] Si Un roi sans divertissement est bien un roman policier, c'est lĂ que se situe le vrai mystĂšre Langlois. Le mystĂšre Langlois n'est donc pas encore entiĂšrement rĂ©solu, et les narrateurs qui l'ont connu n'apportent pas plus de prĂ©cisions. Il reste cependant un narrateur qui connaĂźt bien Langlois le romancier lui-mĂȘme. Dans NoĂ©, roman qui suit celui dont nous parlons, Jean Giono explique lui-mĂȘme qu'au dĂ©but, Langlois avait peu d'importance mais qu'il en prenait au fur et Ă mesure que le roman s'Ă©crivait. [...] [...] Un roi sans divertissement est le cheminement douloureux d'un homme apparemment ordinaire et cependant extraordinaire, qui atteint sa vĂ©ritĂ© et a donc la rĂ©vĂ©lation de ce qu'il est au moment oĂč il se dĂ©couvre vĂ©ritablement fascinĂ© par le sang rouge sur la neige blanche et pure. Et Langlois, si royal, dĂ©couvre cette vĂ©ritĂ©, Ă savoir qu'il lui faut choisir entre satisfaire ses pulsions meurtriĂšres si proches de celle de ou au contraire se divertir une derniĂšre fois mais se divertir si royalement que tout l'univers en soit Ă©claboussĂ©. Langlois va plus loin que dans le sens oĂč il veut un divertissement Ă sa mesure. [...] VĂ©ritablerĂ©flexion sur le rapport de l'homme Ă la mort, le titre de lâĆuvre reprend celui de l'une des PensĂ©es de Pascal, affirmant qu' « un roi sans divertissement est un Accueil La Librairie Romans, Nouvelles Romans francophones Chroniques.... Un Roi sans divertissement 2,50⏠Bon Ă©tat Le Lien Livraison Ă partir de 3,00⏠2,50⏠Bon Ă©tat Le Lien Livraison Ă partir de 3,00⏠14 autres livres Ă partir de 2,00⏠Description Chroniques.... Un Roi sans divertissementSeulement, ce soir-lĂ , il ne fumait pas un cigare il fumait une cartouche de dynamite. Ce que Delphine et Saucisse regardĂšrent comme d'habitude, la petite brise, le petit fanal de voiture, c'Ă©tait le grĂ©sillement de la il y eut, au fond du jardin, l'Ă©norme Ă©claboussement d'or qui Ă©claira la nuit pendant une seconde. C'Ă©tait la tĂȘte de Langlois qui prenait, enfin, les dimensions de l' a dit "Un roi sans divertissement est un homme plein de misĂšres " ? En lire plus Auteur Jean giono Editions Editions gallimard AnnĂ©e 2002 Collection Folio Reliure BrochĂ© ISBN 9782070362202 Options de livraison Plusieurs options de livraison vous seront proposĂ©es lors de la finalisation de votre achat selon le vendeur que vous aurez sĂ©lectionnĂ©. La plus grande librairie solidaire en ligne Dans la librairie de Label EmmaĂŒs, vous avez Ă disposition plus d'un million d'ouvrages, sĂ©lectionnĂ©s et triĂ©s avec soin par des salariĂ©s en parcours d'insertion professionnelle. 100% des livres sont d'occasion ! Ă chaque livre que vous achetez, vous contribuez au rĂ©emploi et Ă l'insertion professionnelle. Vous favorisez aussi l'accĂšs Ă la culture pour toutes et tous. Les Garanties Label EmmaĂŒs Paiement sĂ©curisĂ© Label EmmaĂŒs vous procure une expĂ©rience dâachat en ligne sĂ©curisĂ©e grĂące Ă la technologie Hipay et aux protocoles 3D Secure et SSL. 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PensĂ©es (1670) de Blaise Pascalï»żLe divertissement est pour lâhomme le moyen de se dĂ©tourner â de se divertir au sens propre â de la misĂšre de la vie, de se dissimuler la vanitĂ© de sa condition, dâignorer lâennui et lâinquiĂ©tude, deux termes trĂšs forts, Ă entendre comme une angoisse profonde. Le divertissement, câest tout ce qui ne mĂšne pas Ă Dieu, et, si Pascal insiste tant, câest quâil lui faut renverser lâobstacle que le divertissement dresse contre son projet dâapologie. Les hommes nâayant pu guĂ©rir la mort, la misĂšre, lâignorance, ils se sont avisĂ©s, pour se rendre heureux, de nây point penser » 166-133, Ă©nonce un fragment de la liasse Divertissement » des PensĂ©es. Ou encore, un roi sans divertissement est un homme plein de misĂšres » 169-137, expression dont Jean Giono fera le titre dâun de ses meilleurs romans. Le divertissement permet de sâaveugler sur notre monde, que Pascal nous dĂ©peint comme une prison, un terrifiant cachot que nous voulons fuir. Or voici le paradoxe Quand je mây suis mis quelquefois Ă considĂ©rer les diverses agitations des hommes et les pĂ©rils et les peines oĂč ils sâexposent dans la Cour, dans la guerre, dâoĂč naissent tant de querelles, de passions, dâentreprises hardies et souvent mauvaises, etc., jâai dit souvent que tout le malheur des hommes vient dâune seule chose, qui est de ne savoir pas demeurer en repos dans une chambre » 168-136. Oui, quâil serait bon de se retirer, de sâarrĂȘter !CâĂ©tait lâidĂ©al de la sagesse antique. Mais non, la pensĂ©e de derriĂšre » nous rappelle quâil nây a rien de mieux que les vacances ou la retraite pour donner la migraine et la mĂ©lancolie. DĂšs que nous nous arrĂȘtons, nous sommes confrontĂ©s Ă notre condition. [âŠ] quand jâai pensĂ© de plus prĂšs et quâaprĂšs avoir trouvĂ© la cause de tous nos malheurs jâai voulu en dĂ©couvrir la raison, jâai trouvĂ© quâil y en a une bien effective et qui consiste dans le malheur naturel de notre condition faible et mortelle, et si misĂ©rable que rien ne peut nous consoler lorsque nous y pensons de prĂšs. » La suite Ă Ă©couter
UnepensĂ©e vieille comme le monde, sur laquelle ont brodĂ© Montaigne, Bossuet et La BruyĂšre, mise en maxime par Pascal («Un roi sans divertissement est un homme plein de misĂšres»), a inspirĂ© Ă Giono, Ă propos d'un Ă©pisode de banditisme montagnard, une Ćuvre mystĂ©rieuse et troublante. En purgeant la contrĂ©e d'un malfaiteur - qu'il se gardeRĂ©sumĂ© Roman Ă©crit par Jean Giono, publiĂ© en 1947. Vers 1845, dans un village isolĂ© du TriĂšves, non loin du col de la Croix-Haute, des habitants disparaissent sans laisser de traces, l'hiver, par temps de neige. Le capitaine de gendarmerie Langlois arrive au village pour tenter d'Ă©lucider le mystĂšre de ces disparitions. Un jour brumeux d'hiver, FrĂ©dĂ©ric, propriĂ©taire d'une scierie, observe un curieux manĂšge de la fourche d'un hĂȘtre plantĂ© en face de la porte de la scierie, il voit descendre un inconnu, qui s'Ă©loigne dans la neige en direction de la montagne. MontĂ© Ă son tour dans l'arbre, FrĂ©dĂ©ric dĂ©couvre, au creux d'une maĂźtresse branche, dĂ©posĂ© sur un monceau d'ossements, le cadavre de DorothĂ©e, une jeune fille qu'il avait aperçue bien vivante vingt minutes avant. FrĂ©dĂ©ric suit Ă la trace l'inconnu qui, s'Ă©loignant tranquillement dans la neige sans se retourner, le conduit jusqu'Ă un autre village, Chichilianne, et jusqu'Ă sa maison. D'un passant, FrĂ©dĂ©ric apprend le nom de l'inconnu, " InformĂ© par FrĂ©dĂ©ric, Langlois dĂ©cide de se rendre Ă Chichilianne, accompagnĂ© de quelques hommes. EntrĂ© dans la maison de il ne tarde pas Ă en ressortir, accompagnĂ© de celui-ci. Suivi de Langlois, s'Ă©loigne du village, rejoint un bois, s'adosse au tronc d'un arbre. Langlois l'abat de deux coups de pistolet. Dans le rappport qu'il rĂ©dige Ă l'intention de ses supĂ©rieurs, Langlois dĂ©crit cette mise Ă mort comme un accident et donne sa dĂ©mission de la gendarmerie. Rendu Ă la vie civile, Langlois ne tarde pas Ă reparaĂźtre au village, oĂč il a Ă©tĂ© nommĂ© commandant de louveterie. InstallĂ© chez Saucisse, la propriĂ©taire du CafĂ© de la Route, une ancienne "lorette" de Grenoble, ainsi surnommĂ©e en raison de son embonpoint, il intrigue les villageois par son Ă©lĂ©gance, la beautĂ© de son cheval, sa façon de tenir les gens Ă distance sans pour autant les blesser, les visites qu'il reçoit le procureur du roi se dĂ©place pour le voir et le traite en ami, sa conduite parfois Ă©nigmatique par exemple, il demande Ă voir, sans qu'on sache pourquoi, les ornements sacerdotaux conservĂ©s dans l'Ă©glise. Avec la venue de l'hiver, l'occasion d'exercer ses nouvelles fonctions ne tarde pas Ă se prĂ©senter un loup, d'une force et d'une audace exceptionnelles, Ă©gorge moutons, chevaux et vaches. Une battue est dĂ©cidĂ©e. Langlois l'organise minutieusement comme une cĂ©rĂ©monie, une fĂȘte. Les villageois, venus en nombre, sont les rabatteurs. Le procureur royal, Saucisse et Madame Tim, la chĂątelaine de Saint-Baudille, une nouvelle amie de Langlois, sont de la partie. Les femmes sont dans leurs plus beaux atours, installĂ©es sur des traĂźneaux. La trace du loup conduit tout ce monde au pied d'une haute falaise. Le loup les y attend, au centre d'un espace couvert de neige, un chien Ă©gorgĂ© Ă ses pieds. Et lĂ , dans ce dĂ©cor semblable Ă une scĂšne de théùtre, devant le public consituĂ© par les chasseurs et les invitĂ©s, Langlois s'avance seul pour affronter le loup, et il l'abat, comme il avait fait pour de deux coups de pistolet dans le ventre. Cinq mois plus tard, Langlois demande Ă Saucisse et Ă Madame Tim de l'accompagner jusqu'Ă un village assez Ă©loignĂ© oĂč il veut rendre visite Ă une femme qui y vit seule avec son petit garçon dans une maison isolĂ©e oĂč elle s'est installĂ©e aprĂšs avoir quittĂ© son pays d'origine. Elle gagne sa vie comme brodeuse. ArrivĂ©s chez cette femme, pendant que Madame Tim marchande des articles de toilette, Langlois, qui s'est fait oublier dans un fauteuil, contemple l'intĂ©rieur de l'appartement, meublĂ© avec un luxe inattendu chez une simple ouvriĂšre, et ses regards s'attachent sur un portrait d'homme, dont on devine simplement la silhouette dans l'ombre de la piĂšce. Sans que cela soit dit, on devine que cette femme est la veuve de et que le portrait est le sien. Vers la fin de l'Ă©tĂ©, Madame Tim invite Langlois Ă une fĂȘte dans son chĂąteau de Saint-Baudille. Langlois semble apprĂ©cier le confort et le luxe des lieux, et il se conduit avec l'aisance qui lui est habituelle. Pourtant, il apparaĂźt Ă Saucisse, qui narre l'Ă©pisode, secrĂštement dĂ©tachĂ© et lointain tel un loup, Ă©garĂ© dans le monde des hommes, qui prend soin de ne rien oublier de tout ce qu'il faut faire " pour arriver Ă survivre dans les Ă©tendues dĂ©sertes et glacĂ©es ". RentrĂ© au village, Langlois dĂ©cide de faire construire un " bongalove " et il annonce Ă Saucisse son intention de se marier. Il la charge de lui trouver quelqu'un. Ce sera Delphine, "des cheveux noirs et de la peau bien tendue sur une armature ", que Saucisse dĂ©niche pour lui Ă Grenoble, oĂč ils sont descendus tous les deux pour rĂ©gler l'affaire. Langlois s'installe au bongalove avec celle que les villageois appellent tout de suite "Madame la Commandante". Ils y mĂšnent une existence apparemment paisible. Chaque soir, Langlois va au jardin fumer un cigare en contemplant le paysage. L'hiver est revenu. La premiĂšre neige est tombĂ©e. Langlois descend au village, va frapper Ă la porte d'Anselmie, et lui demande de tuer une de ses oies en lui coupant la tĂȘte. Puis tenant l'oie par les pattes, il regarde son sang couler sur la neige. Il s'absorbe longtemps dans cette contemplation. Puis, sans mot dire, il rentre chez lui. Le soir mĂȘme, Langlois va fumer son cigare au jardin. Mais en fait de cigare, c'est un bĂąton de dynamite qu'il fume. C'est Pascal que, pour Ă©clairer l'Ă©nigme tragique de l'histoire de Langlois comme pour amener son lecteur Ă une derniĂšre rĂ©flexion, Giono convoque Ă la fin du roman "Qui a dit "Un roi sans divertissement est un homme plein de misĂšres"?". Les meilleurs professeurs de Français disponibles5 85 avis 1er cours offert !4,9 70 avis 1er cours offert !4,9 117 avis 1er cours offert !4,9 18 avis 1er cours offert !5 118 avis 1er cours offert !5 39 avis 1er cours offert !4,9 56 avis 1er cours offert !5 38 avis 1er cours offert !5 85 avis 1er cours offert !4,9 70 avis 1er cours offert !4,9 117 avis 1er cours offert !4,9 18 avis 1er cours offert !5 118 avis 1er cours offert !5 39 avis 1er cours offert !4,9 56 avis 1er cours offert !5 38 avis 1er cours offert !C'est partiLes thĂšmes Arbre Comme dans l'ensemble de l'Suvre de Giono, l'arbre occupe une place de choix dans la thĂ©matique de Un Roi sans divertissement. Le hĂȘtre de la scierie, notamment, joue le rĂŽle d'un vĂ©ritable personnage. PrĂ©sentĂ© dĂšs la premiĂšre page du roman comme un arbre d'une beautĂ© sans Ă©gale, il est personnifiĂ© et assimilĂ© Ă un ĂȘtre conscient et surnaturel, un vĂ©ritable dieu "c'est l'Apollon-citharĂšde des hĂȘtres"..."Il est hors de doute qu'il se connaĂźt et qu'il se juge". Cette assimilation se poursuit quand le narrateur le dĂ©crit en 1844, annĂ©e oĂč il est particuliĂšrement beau l'arbre a "mille bras entrelacĂ©s de serpents verts", "cent mille mains de feuillages d'or", "il dansait comme savent danser les ĂȘtres surnaturels". Cette annĂ©e-lĂ , il est habitĂ© d'une vie exubĂ©rante oiseaux de toutes sortes, papillons et insectes, dansent dans sa ramure et autour de lui une folle sarabande. La source secrĂšte de toute cette vie, ce sont bien sĂ»r les cadavres que a dĂ©posĂ©s au creux d'une Ă©norme branche creux qui Ă©voque un nid, et qui finissent d'y pourrir tranquillement, nourrissant oiseaux et insectes. L'alliance de la vie et de la mort, source de beautĂ©, est ainsi rĂ©vĂ©lĂ©e par cet arbre exceptionnel. La personnification n'est pas rĂ©servĂ©e au hĂȘtre. Elle s'Ă©tend, dans la mĂȘme page, aux forĂȘts qui, "assises sur les gradins des montagnes, finissaient par le regarder en silence". Mais surtout, dans la page magnifique oĂč Giono dĂ©crit la forĂȘt Ă l'automne, le commencement de cette saison est dĂ©crit comme une extraordinaire fĂȘte que se donnent les arbres, en revĂȘtant de luxuriantes parures, qui sont des uniformes, des costumes de courtisans, de riches vĂȘtements ecclĂ©siastiques; c'est d'ailleurs l'image d'une cĂ©rĂ©monie religieuse qui finalement l'emporte, cĂ©rĂ©monie sanglante d'une beautĂ© inquiĂ©tante, proposant une vĂ©ritable initiation Ă valeur religieuse "tels sont les sujets de mĂ©ditation proposĂ©es par les fresques du monastĂšre des montagnes". On retrouve ici, dans une tonalitĂ© sans doute moins rassurante, la vision panthĂ©iste qu'exprimaient, avant 1940, les romans et les essais de Giono. BeautĂ© Voir "Divertissement". CĂ©rĂ©monie et rituel Motifs rĂ©currents, les cĂ©rĂ©monies et les rituels qui les accompagnent sont une voie d'accĂšs majeure Ă la signification du roman. Aucun homme ne peut se passer de cĂ©rĂ©monies. Les vieillards narrateurs en tĂ©moignent "nous-mĂȘmes nous aimons beaucoup les cĂ©rĂ©monies. Et nous avons tout un cĂ©rĂ©monial qu'il ne faut pas s'aviser d'ignorer ou de nĂ©gliger dans les occasions oĂč notre vie le rĂ©clame." Et ils comprennent trĂšs bien que "pour ces travaux mystĂ©rieux qu'on fait dans les rĂ©gions qui avoisinent les tristesses et la mort" il faille "un cĂ©rĂ©monial encore plus exigeant" que celui qu'exige un baptĂȘme ou un mariage. Langlois organise la chasse au loup comme une magnifique cĂ©rĂ©monie, selon un cĂ©rĂ©monial trĂšs prĂ©cisĂ©ment rĂ©glĂ©. Le mĂȘme goĂ»t de la cĂ©rĂ©monie se retrouve chez Mme Tim, experte organisatrice de fĂȘtes. A ce titre, la cĂ©rĂ©monie embellit et ennoblit le quotidien. De façon plus profonde, plus mystĂ©rieuse et plus inquiĂ©tante, la cĂ©rĂ©monie et le rituel jouent un rĂŽle essentiel dans l'initiation voir cet article de Langlois par Les meurtres successifs perpĂ©trĂ©s par peuvent ĂȘtre compris comme la rĂ©pĂ©tition d'un rituel. Si cache ses victimes dans le hĂȘtre, c'est peut-ĂȘtre pour mieux les dissimuler, mais c'est sans doute surtout pour accomplir et renouveler un rituel d'offrande au dieu-arbre. On peut aussi y voir la prĂ©figuration de l'ostensoir, forme ronde contenant une victime. CruautĂ© ProfondĂ©ment inscrite dans la Nature et dans la nature humaine. On la lit dans le paysage des crĂȘtes du Ferrand "Horizons entiĂšrement fermĂ©s de roches acĂ©rĂ©es, aiguilles de Lus, canines, molaires, incisives, dents de chiens, de lions, de tigres et de poissons carnassiers". On la retrouve dans le spectacle de la forĂȘt Ă l'automne "Chaque soir, dĂ©sormais, les murailles du ciel sont peintes avec ces enduits qui facilitent l'acceptation de la cruautĂ© et dĂ©livrent les sacrificateurs de tout remords", tandis que s'aligne "la procession des Ă©rables ensanglantĂ©s comme des bouchers". Elle s'incarne dans la figure du loup qui, autant que pour se nourrir, tue pour le plaisir de tuer et de voir couler le sang. C'est consciemment, sans aucun doute, que imite le comportement du loup dans sa façon d'attaquer et d'emporter ses victimes, franchissant la frontiĂšre qui sĂ©pare d'habitude l'homme civilisĂ© du fauve, mais affirmant aussi et revendiquant la prĂ©sence du fauve dans l'homme apparemment civilisĂ© homo homini lupus dirait Plaute. CruautĂ© Ă laquelle s'adonnent avec une dĂ©lectation plus ou moins consciente les hommes ordinaires,individuellement, Ă l'instar d'Anselmie dĂ©capitant son oie, ou en meute, dans l'Ă©pisode de la chasse au loup, mais aussi dans la traque simplement suggĂ©rĂ©e de la biche aux abois qu'est devenue la veuve de mais aussi celle de FrĂ©dĂ©ric Ă la poursuite de , victime innocente des meurtres de son mari. Comment progresser en cours de français ? Divertissement Inscrit dans le titre et dans la derniĂšre phrase du roman, le mot "divertissement" renvoie Ă un thĂšme majeur du roman. On le sait, la phrase sur laquelle se clĂŽt le roman et dont le dĂ©but a fourni le titre est empruntĂ©e par Giono aux PensĂ©es de Pascal " &un roi sans divertissement est un homme plein de misĂšres." fragment 142 de l'Ă©dition Brunschvicg. Dans les PensĂ©es, le mot "divertissement" est Ă prendre dans son sens Ă©tymologique "divertir" au sens du verbe latin divertere, c'est "dĂ©tourner de", "distraire de". Le mal dont nous dĂ©tourne et nous distrait le divertissement, c'est l'ennui. Pascal Ă©crit "Rien n'est si insupportable Ă l'homme que d'ĂȘtre dans un plein repos, sans passions, sans affaire, sans divertissement, sans application. Il sent alors son nĂ©ant, son abandon, son insuffisance, sa dĂ©pendance, son impuissance, son vide. Incontinent il sortira du fond de son Ăąme l'ennui, la noirceur, la tristesse, le chagrin, le dĂ©pit, le dĂ©sespoir." Ă©dition Brunschvicg, fragment 131. L'ennui nous laisse seuls face Ă la misĂšre de notre existence terrestre. Fuir l'ennui dans le divertissement, c'est refuser d'affronter la vĂ©ritĂ© de notre condition - prise de conscience pourtant nĂ©cessaire si nous voulons travailler dĂšs cette vie Ă gagner notre salut. Comme Pascal, comme Baudelaire aussi qui, dans les Fleurs du Mal, dĂ©crit l'Ennui comme le plus grand et le pĂšre de tous les vices, Giono considĂšre l'ennui comme "la plus grande malĂ©diction de l'Univers" Rencontres avec Marguerite Taos et Jean Amrouche, 1953. En cours de français, le mot "divertissement" apparaĂźt pour la premiĂšre fois dans le roman dans la bouche de Langlois, Ă propos de Langlois suggĂšre au curĂ© que le spectacle du cĂ©rĂ©monial de la messe de minuit a pu offrir Ă un divertissement le mot est en italiques dans le texte suffisamment fort pour le dĂ©tourner de la tentation d'un autre divertissement, celui du meurtre, du moins pour cette nuit-lĂ . Presque d'emblĂ©e, Langlois a donc pressenti la nature du besoin qui pousse l'inconnu Ă tuer. Nul ĂȘtre humain n'Ă©chappe au besoin et Ă la tentation du divertissement, y compris le divertissement de la cruautĂ©, y compris le divertissement du meurtre. Tandis que, pour le curĂ©, le tueur inconnu ne peut ĂȘtre qu'un monstre, Langlois, plus perspicace, rĂ©pond "Ce n'est peut-ĂȘtre pas un monstre", ce qui revient Ă dire qu'on peut lui appliquer la dĂ©finition que Saucisse proposera de Langlois lui-mĂȘme "c'Ă©tait un homme comme les autres!". Pour tenir l'ennui Ă distance, tous les moyens sont bons, mais il est une hiĂ©rarchie des divertissements. Les tĂąches quotidiennes, rythmĂ©es par le retour des saisons, fournissent aux villageois un divertissement gĂ©nĂ©ralement suffisant "nous avons, nous aussi, pas mal de choses Ă faire ", disent les vieillards-narrateurs; cela leur vaut d'ailleurs les sarcasmes de Saucisse, qui leur reproche de ne se rendre compte de rien "Vous autres, vous avez rentrĂ© le foin, mais maintenant c'est les pommes de terre". leur aura tout de mĂȘme procurĂ© un divertissement au goĂ»t beaucoup plus Ăąpre et sauvage celui de la terreur, "une terreur de troupeau de moutons". Langlois lui-mĂȘme, tant qu'il reste absorbĂ© par sa traque de n'a guĂšre le temps de s'ennuyer. Ce n'est qu'aprĂšs la mort de et une fois libĂ©rĂ© des obligations du service que la menace de l'ennui se fait pour lui pressante. A un degrĂ© plus Ă©levĂ© se place le divertissement de la fĂȘte. Presque tous les personnages du roman exceptons la "brodeuse" et peut-ĂȘtre Delphine - en somme , les Ă©pouses savourent, Ă un moment oĂč Ă un autre, les charmes dĂ©licieux de la fĂȘte. Le temps de la fĂȘte, d'autant plus intensĂ©ment vĂ©cu qu'il est bref, le cĂ©rĂ©monial qui l'accompagne toujours, cela rompt la grisaille monotone du dĂ©filĂ© des jours. Presque toutes les scĂšnes fortes et dĂ©cisives du roman sont des scĂšnes de fĂȘte messe de minuit, poursuite de par FrĂ©dĂ©ric II, chasse au loup on se souvient que pour Pascal, la chasse constitue pour les Grands le divertissement le plus fort, fĂȘte Ă Saint-Baudille. La soirĂ©e au restaurant de Grenoble peut aussi ĂȘtre considĂ©rĂ©e comme une fĂȘte offerte par Langlois Ă Saucisse. Un divertissement de choix est procurĂ© par le spectacle et la jouissance de la BeautĂ©. BeautĂ© de la nature d'abord, dont la splendeur est offerte Ă tous. Le hĂȘtre de la scierie ne rĂ©siste pas Ă la tentation de venir le contempler dans sa gloire estivale, le commencement de l'automne dans la forĂȘt vĂ©ritable cĂ©rĂ©monial de fĂȘte dont la Nature elle-mĂȘme est l'ordonnatrice, la falaise du fond de Chalamont, le spectacle du "vaste monde" qui se dĂ©ploie pour et pour FrĂ©dĂ©ric II du sommet de l'Archat, les dĂ©lectables Ă©chappĂ©es qu'on dĂ©couvre des terrasses de Saint-Baudille, sont de puissants divertissements pour l'Ăąme humaine, toujours Ă©prise de beautĂ©. BeautĂ© aussi des crĂ©ations humaines beautĂ© de la voĂ»te "on n'inventera jamais rien de plus gĂ©nial que la voĂ»te"; beautĂ© de cet antique cadran d'horloge qui ravit l'Ăąme de FrĂ©dĂ©ric II; beautĂ© des habits de fĂȘte dans l'Ă©pisode si théùtral et si musical de la chasse au loup... On s'Ă©tonnera peut-ĂȘtre que, parmi les diverses formes du divertissement, celui de l'amour ne joue Ă peu prĂšs aucun rĂŽle. Certes, il y a l'amitiĂ© amoureuse de Saucisse pour Langlois. Mais pour celui-ci, pas plus apparemment que pour l'expĂ©rience amoureuse ne compte comme divertissement qui vaille peut-ĂȘtre parce que la routine conjugale, auprĂšs d'une "brodeuse", tue le divertissement d'oĂč l'Ă©chec patent de l'expĂ©rience "Delphine"& Pourtant elle n'est pas une brodeuse loin de lĂ . DerniĂšre forme de divertissement - la plus Ă©trange, la plus puissante et la plus dangereuse -, cet Ă©tat singulier de "distraction", en forme de fascination hypnotique, qui s'empare de quelques personnages. Bergues, le braconnier, semble s'y ĂȘtre abandonnĂ© alors qu'il poursuivait le tueur inconnu "...il se mit Ă dire des choses bizarres; et, par exemple, que "le sang sur la neige, trĂšs propre, rouge et blanc, c'Ă©tait trĂšs beau" ". Et le Narrateur de commenter "Je pense Ă Perceval hypnotisĂ©, endormi". Cet "endormissement" comme sous hypnose se retrouve plusieurs fois dans le roman c'est celui du loup contemplant sur la neige le sang du chien "il a l'air aussi endormi que nous", commente le narrateur; celui de Langlois s'abĂźmant dans la contemplation du portrait de puis Ă©mergeant de son fauteuil "les yeux gonflĂ©s de quelqu'un qui vient de se rĂ©veiller"; et, bien sĂ»r celui du mĂȘme Langlois dans la scĂšne chez Anselmie "Il Ă©tait toujours au mĂȘme endroit. PlantĂ©. Il regardait Ă ses pieds le sang de l'oie". Il faut aussi rapprocher de ces scĂšnes celle oĂč reste sous le hĂȘtre, sans souci de l'orage, dans un Ă©tat d'abandon heureux, "dans une sorte de contentement manifeste". Moments d'intense contemplation, moments d'extase oĂč semblent se rĂ©vĂ©ler au contemplateur - homme ou loup - la vĂ©ritĂ© du monde, de la vie, et de sa propre existence. Comment trouver des cours de français en ligne ? EvĂ©nements historiques Les rĂ©fĂ©rences aux Ă©vĂ©nements historiques contemporains de l'action sont trĂšs rares. Seules interviennent quelques allusions Ă des Ă©pisodes de la conquĂȘte de l'AlgĂ©rie, simple occasion pour Saucisse de faire valoir la dĂ©termination et le courage de Langlois en des circonstances pĂ©rilleuses. La seule allusion au rĂ©gime politique de la Monarchie de Juillet, sous lequel a lieu l'essentiel de l'action, est la prĂ©sence d'un buste de Louis-Philippe dans la salle de la mairie de Chichilianne, buste dĂ©signĂ© par Langlois Ă FrĂ©dĂ©ric II avec une dĂ©sinvolture qui en dit long sur son dĂ©dain que partage sans doute Giono pour les puissants du jour. Plus frappante encore est l'absence de toute allusion Ă la RĂ©volution de 1848, qui dĂ©bute en fĂ©vrier, peu de temps avant le voyage de Langlois et de Saucisse Ă Grenoble. Dans cette ville, personne ne semble se soucier ni mĂȘme ĂȘtre au courant de l'agitation parisienne. Histoire rime Ă peu prĂšs avec transitoire; or, ce que le romancier veut mettre en lumiĂšre, c'est la permanence et la rĂ©pĂ©tition Ă travers le temps d'expĂ©riences sur lesquelles l'Histoire n'a pas de prise Voir "Permanence" . MĂȘme laconisme pour les AztĂšques et Christophe Colomb. FrontiĂšres entre les Ă©lĂ©ments, entre les rĂšgnes Elles sont constamment transgressĂ©es, effacĂ©es, par le jeu des mĂ©taphores, des comparaisons, des personnifications, qui jettent des ponts, concluent des alliances, posent des Ă©quivalences et des identitĂ©s entre les Ă©lĂ©ments terre, eau, air, feu et les rĂšgnes minĂ©ral, vĂ©gĂ©tal, animal, humain, divin. La prĂ©sentation du hĂȘtre, dĂšs la premiĂšre page, inaugure cette circulation incessante sa nature est triple, Ă la fois vĂ©gĂ©tale, humaine et divine. On retrouve ce mĂ©lange des rĂšgnes dans la description des montagnes et de la forĂȘt Ă l'automne, et dans bien d'autres passages. Le personnage de incarne ce rĂȘve d'abolir les frontiĂšres entre les rĂšgnes il est l'homme-loup, l'homme-animal. Mais c'est aussi un dieu quand il l'aperçoit sous le hĂȘtre, parfaitement tranquille dans le dĂ©chaĂźnement de l'orage, FrĂ©dĂ©ric II voit en lui un homme dĂ©naturĂ© c'est qu'il semble ignorer la peur; donc c'est un dieu& Quand plus tard il le poursuit sur les pentes de l'Archat, FrĂ©dĂ©ric II connaĂźt l'ivresse de se sentir tour Ă tour renard, oiseau, esprit, et ce n'est pas sans peine qu'il se dĂ©pouillera "d'une peau de renard qui Ă©tait presque une peau de loup". Langlois connaĂźt la mĂȘme tentation, mais il y rĂ©siste. En tuant puis en tuant le loup, puis en se tuant, il rĂ©affirme la nĂ©cessitĂ© de frontiĂšres qu'un homme ne doit pas franchir, sous peine de se perdre. Ainsi s'explique le choix du suicide, ultime barriĂšre dressĂ©e contre la tentation de devenir loup Ă son tour, mais aussi moyen de rejoindre enfin l'unitĂ© perdue "c'Ă©tait la tĂȘte de Langlois qui prenait, enfin, les dimensions de l'univers". Mais ce choix tragique, pas plus que le meurtre de puis du loup, n'est une vĂ©ritable solution; ce n'est que la sanction d'un Ă©chec. La rĂ©solution des antagonismes et l'abolition des frontiĂšres ne sont permises Ă l'homme que dans l'expĂ©rience poĂ©tique. Langlois n'est pas le vrai hĂ©ros du roman ce hĂ©ros, c'est le prince des mĂ©taphores, le narrateur, figure idĂ©ale de l'Ă©crivain. Initiation Un roi sans divertissement peut se lire comme le rĂ©cit d'une - ou plutĂŽt de plusieurs expĂ©riences initiatiques. Le lecteur est conviĂ© Ă participer Ă ces initiations, donc Ă s'initier lui-mĂȘme en apprenant Ă voir et Ă comprendre ce qui se cache sous les apparences ou ce qu'elles rĂ©vĂšlent. La prĂ©sence, dans les premiĂšres pages du roman, d'Ă©vocations Ă forte connotation religieuse, l'y prĂ©pare. Ainsi le hĂȘtre de la scierie est assimilĂ© avec insistance Ă une divinitĂ© il Ă©voque d'abord au narrateur la figure d'Apollon citharĂšde, puis il est dĂ©crit plutĂŽt comme une divinitĂ© du panthĂ©on hindou Shiva. De mĂȘme, les connotations religieuses abondent dans la page sur la forĂȘt au dĂ©but de l'automne nous sommes invitĂ©s Ă reconnaĂźtre dans "les fresques du monastĂšre des montagnes" les vĂ©ritĂ©s qu'elles proclament, et Ă les mĂ©diter. On doit considĂ©rer comme l'initiateur de Langlois Ă des vĂ©ritĂ©s dont il ne prendra une pleine conscience qu'Ă la fin du rĂ©cit. Dans la premiĂšre partie, le travail d'investigation policiĂšre auquel se livre Langlois lui permet de franchir sans qu'il en ait peut-ĂȘtre une claire conscience les premiĂšres Ă©tapes de son parcours initiatique. MĂ©ditant sur les mobiles du tueur inconnu, il prend d'abord conscience que celui-ci n'est "peut-ĂȘtre pas un monstre", c'est-Ă -dire qu'il est un homme comme lui, et en qui il peut se reconnaĂźtre, de qui il peut apprendre quelque chose d'essentiel. Il dĂ©couvre aussi le mobile profond de l'inconnu - la quĂȘte du divertissement -, mobile liĂ© Ă une soif de beautĂ©, qui trouve Ă s'apaiser momentanĂ©ment dans le spectacle de la cĂ©rĂ©monie de la messe de minuit. Cela suffit pour que Langlois rĂ©serve Ă une exĂ©cution "sommaire" qui peut se comprendre comme un geste de respect il lui Ă©vite ainsi les suites infĂąmantes et dĂ©gradantes de l'arrestation, de la prison, du procĂšs, de la condamnation Ă mort. Il lui permet, en somme de partir "en beautĂ©", en gardant son mystĂšre. Mais Ă ce stade, Langlois n'a fait qu'effleurer ce mystĂšre et son initiation doit se poursuivre. LĂ est la vraie raison de son retour Ă la montagne, sur la double piste du mystĂšre de et de celui de la Nature. Aux tĂ©moins de ce retour, il apparaĂźt transfigurĂ©. Tous sont frappĂ©s par sa rĂ©serve silencieuse, par son austĂ©ritĂ© monacale "Il Ă©tait comme ces moines qui sont obligĂ©s de faire effort pour s'arracher d'oĂč ils sont et venir oĂč vous ĂȘtes". DĂšs lors, le rĂ©cit est ponctuĂ© par les Ă©tapes de l'initiation dĂ©libĂ©rĂ©ment poursuivie par le hĂ©ros. Il s'agit pour lui, dans une quĂȘte "pascalienne", de peser la valeur et la puissance des formes du divertissement chasse, fĂȘtes, mariage, meurtre. Cette quĂȘte s'effectue dans un climat de cĂ©rĂ©monial religieux la chasse au loup, de contemplation mĂ©ditative et extatique chez la "brodeuse", il s'abĂźme dans la contemplation silencieuse et prolongĂ©e du portrait de vĂ©ritable "icĂŽne" . La scĂšne est d'ailleurs chargĂ©e de connotations religieuses dans cette salle d'un ancien couvent, des objets prĂ©cieux Ă©voquant des ornements sacrĂ©s brillent d'un faible Ă©clat dans une obscuritĂ© de sanctuaire. Rituel de communion, puisqu'il s'agit pour Langlois, comme il le dit Ă Saucisse et Ă Mme Tim, de "se mettre dans la peau" dans la peau de qui, sinon de ? En tout cas, il a Ă©tĂ© bouleversĂ© par cette visite, comme en tĂ©moigne l'inquiĂ©tude de ses amis, qui craignent alors de le "perdre". Le comble de l'extase contemplative et le dernier stade de l'initiation sont atteints comme chez le Perceval de ChrĂ©tien de Troyes dans l'Ă©pisode du sang de l'oie sur la neige. Notons Ă cette occasion l'importance de la rĂ©pĂ©tition de gestes Ă valeur rituelle l'exĂ©cution du loup rĂ©pĂšte celle de le face-Ă -face avec le portrait prolonge l'entrevue dans la maison de Chichilianne, la contemplation du sang de l'oie sacrifiĂ©e renouvelle des scĂšnes analogues, elles-mĂȘmes rĂ©pĂ©tĂ©es, mais auxquelles Langlois n'a pas assistĂ©. Dans cette scĂšne capitale s'achĂšve le rituel d'initiation, devenu un rituel de possession. La fonction d'initiateur dĂ©volue Ă apparaĂźt aussi quand il est poursuivi, d'abord par Bergues, puis par FrĂ©dĂ©ric II. Bergues rentre bredouille mais profondĂ©ment troublĂ© par la beautĂ© du sang sur la neige, et donc, lui aussi, momentanĂ©ment "devenu Poursuivi par FrĂ©dĂ©ric II, ne s'enfuit pas, il s'Ă©loigne tranquillement, laissant Ă son poursuivant la possibilitĂ© de ne jamais le perdre, et sachant peut-ĂȘtre trĂšs bien qu'il est suivi. EntraĂźnĂ© dans cette poursuite, FrĂ©dĂ©ric II accĂšde Ă une expĂ©rience de lui-mĂȘme et du monde absolument inconnue de lui. Ne pensant "qu'Ă mettre ses pas dans les pas" de l'inconnu, "il Ă©tait devenu renard". " Tout gros qu'il Ă©tait, il Ă©tait devenu silencieux et aĂ©rien, il se dĂ©plaçait comme un oiseau ou comme un esprit. Il allait de taillis en taillis sans laisser de traces. Avec son sens primitif du monde, il dira "Sans toucher terre." EntiĂšrement diffĂ©rent du FrĂ©dĂ©ric II de la dynastie de la scierie; plus du tout sur la terre oĂč il faut scier du bois pour gagner de quoi nourrir FrĂ©dĂ©ric III; dans un nouveau monde lui aussi; oĂč il fallait avoir des qualitĂ©s aventuriĂšres. Heureux d'une nouvelle maniĂšre extraordinaire! ". Ayant ainsi pĂ©nĂ©trĂ©, Ă la suite de dans un monde sauvage dont nous portons en nous le souvenir obscurci et la nostalgie, FrĂ©dĂ©ric, approchant de Chichilianne, restera "souffle coupĂ©, un long moment Ă attendre que revienne l'accord avec le toit et la fumĂ©e". Loup Figure centrale du roman. DĂšs le dĂ©but, le narrateur trouve dans la bibliothĂšque de Sazerat une importante iconographie sur le loup-garou homme devenu ou redevenu loup. Le comportement de Ă©voque celui d'un loup l'hiver le fait sortir de son repaire; il s'attaque Ă des proies isolĂ©es qu'il emporte; il semble mĂ» par une cruautĂ© "gratuite" et par le goĂ»t du sang. La disparition de Bergues dĂ©clenche au village "une terreur de troupeau de moutons". AprĂšs la mort de c'est avec le titre de commandant de louveterie que Langlois reparaĂźt au village. le retour de l'hiver, particuliĂšrement glacial, fait sortir les loups du bois. Langlois en abat quelques uns, mais voici que s'en manifeste un, tout-Ă -fait exceptionnel. Son comportement fait penser Ă celui de mĂȘme habiletĂ© diabolique et mĂȘme "prodigieuse confiance en soi"; mĂȘme exercice gratuit de la cruautĂ© "Treize brebis Ă©taient Ă©ventrĂ©es, semblait-il, pour le plaisir de s'agacer les dents dans la laine". D'emblĂ©e le vieillard-narrateur le personnifie "c'Ă©tait certainement un monsieur dont il fallait Ă©viter les brisĂ©es au coin d'un bois". Son imagination le transfigure en un ĂȘtre mythique, une sorte de dragon "ça ne devait plus ĂȘtre un loup. Savez-vous comment je me l'imaginais ? ça n'a pas de sens commun. Je me l'imaginais comme une Ă©norme oreille Ă vif, oĂč toute notre musique tournait en venin, et ce venin elle ne le versait pas dans un loup. Ah! mais non, j'imaginais que cette oreille Ă©tait comme un entonnoir embouchĂ© dans les queues d'un paquet de mille vipĂšres grosses comme le bras, et que c'est dans ces vipĂšres que le venin Ă©tait bourrĂ© comme le sang dans un boudin". Le vieillard-narrateur pressent aussi que le loup, pas plus que avant lui, ne songe Ă tenter d'Ă©chapper Ă son destin "Est-ce que, par hasard, le Monsieur n'attendrait pas tout simplement la mort que nous lui apportons sur un plateau ?". L'exĂ©cution du loup par Langlois est la rĂ©pĂ©tition de celle de "Ainsi donc, tout ça, pour en arriver encore une fois Ă ces deux coups de pistolet tirĂ©s Ă la diable, aprĂšs un petit conciliabule muet entre l'expĂ©diteur et l'encaisseur de mort subite !". Mais cette fois, comme Saucisse s'en aperçoit, Langlois regrette d'avoir dĂ» en venir lĂ "Il se rendait bien compte que ça n'Ă©tait pas une solution". Tuer tuer le loup, c'est peut-ĂȘtre tuer une part de lui-mĂȘme. Son tour est venu en effet de dĂ©couvrir la part de loup qu'il porte en lui. Et c'est Ă nouveau Saucisse qui s'en rend compte. A Saint-Baudille, lors de la fĂȘte que Mme Tim a prĂ©parĂ©e pour lui, dans l'espoir de l'apprivoiser, Saucisse imagine les pensĂ©es secrĂštes de son ami "C'est pourquoi, Ă pattes pelues, avec les belles ondulations de reins qui rampent et les sauts dans lesquels je me dĂ©clenche comme un long oiseau gris, je vous souris, Mme Tim, d'un sourire oĂč sont peints tous les charmes de cette belle journĂ©e, depuis les lointaines montagnes de perles sur tapis de blĂ©s roses jusqu'Ă ces faux espaces libres en lin gris que vous avez eu l'intelligence de faire serpenter autour de la chambre oĂč l'on a dĂ©posĂ© mon petit bagage de loup". Permanence Le roman met en lumiĂšre des traits permanents, aussi bien dans la Nature que dans les affaires humaines. Autour du village, le paysage naturel n'a pas changĂ©. L'automne dĂ©ploie ses fresques ensanglantĂ©es aujourd'hui comme il y a un siĂšcle. Le hĂȘtre de la scierie est toujours debout, aussi beau en 1946 qu'en 1843. La venue de l'hiver efface toujours les contours du paysage sous la neige, faisant renaĂźtre les inquiĂ©tudes ancestrales "dehors, dans des temps qui ne sont pas modernes mais Ă©ternels, rĂŽdent les menaces Ă©ternelles" , et les lecteurs du roman auraient intĂ©rĂȘt Ă se rappeler que "la vie ne manque pas d'assassins Ă foulards, de dĂ©coupeurs d'hiĂ©roglyphes de sang, d'hivers 1843". Permanence aussi du cĂŽtĂ© des communautĂ©s humaines le village est Ă peu prĂšs inchangĂ© depuis 1843; le Cercle des travailleurs, fondĂ© vers 1845, y fonctionne toujours; la bĂątisse de l'auberge se dresse toujours sur le col, ornĂ©e d'une rĂ©clame pour Texaco, seule concession apparente Ă la modernitĂ©. L'un ou l'autre des descendants des villageois de 1843 possĂšde une maison, une grange, hĂ©ritĂ©e de ses ancĂȘtres. Permanence de la voĂ»te, simple extrapolation architecturale de la caverne prĂ©historique "on n'a jamais rien inventĂ©, ... on n'inventera jamais rien de plus gĂ©nial que la voĂ»te". Permanence de l'humain dans l'humain, mise en valeur par la place accordĂ©e par Giono aux dynasties villageoises. FrĂ©dĂ©ric II survit dans son petit-fils FrĂ©dĂ©ric IV, actuel propriĂ©taire de la scierie, et qui conserve chez lui le portrait de son aĂŻeul, comme Honorius conserve les photos d'Anselmie et de Callas Delphin-Jules dans leur maison dont il a hĂ©ritĂ© par sa femme. La femme de Raoul, descendante de Marie Chazottes, permet de se faire une idĂ©e de l'aspect physique de la premiĂšre victime de Et Ravanel devait rassembler au Ravanel qui conduit les camions en 1946. Quant Ă l'histoire tragique des deux protagonistes du roman, et Langlois, elle met en lumiĂšre la permanence en l'homme de tentations incontournables et puissantes. C'est sans doute pour ne pas succomber Ă l'une d'elles et pour en satisfaire une autre que Langlois se suicide. Sang Motif rĂ©current et associĂ© Ă des Ă©pisodes-clĂ©s, le sang attire et fascine. Voir couler le sang constitue sans doute le mobile essentiel de Il entaille "de partout" le cochon de Ravanel, "de plus de cent entailles", "faites avec plaisir". Quand Ravanel frotte la bĂȘte avec de la neige pour la nettoyer, "on voyait le suintement du sang rĂ©apparaĂźtre et dessiner comme les lettres d'un langage barbare, inconnu". Si choisit Callas Delphin-Jules, c'est que "Delphin Ă©tait construit en chair rouge, en bonne viande bourrĂ©e de sang". Le sang rouge qui coule d'une blessure fraĂźche offre un spectacle d'une rare beautĂ©. C'est la plus belle de toutes les couleurs. Dans la forĂȘt Ă l'automne, "l'ouest, badigeonnĂ© de pourpre, saigne sur des rochers qui sont incontestablement bien plus beaux sanglants que ce qu'ils Ă©taient d'ordinaire rose satinĂ© ou du plus bel azur commun dont les peignaient les soirs d'Ă©tĂ©". Mais c'est quand vient la neige que, se dĂ©tachant sur sa blancheur, en un alliage de couleurs pures, le sang est le plus beau. Cette association Ă©mouvante apparaĂźt dĂšs le dĂ©but du rĂ©cit quand le narrateur Ă©voque l'ombre des fenĂȘtres "le papillonnement de la neige qui tombe l'Ă©claircit et la rend d'un rose sang frais". Quand Ravanel blesse d'un coup de fusil, Bergues le suit Ă la trace de son sang sur la neige "C'Ă©tait du sang en gouttes, trĂšs frais, pur, sur la neige". Et Bergues est fascinĂ© par "ces belles traces de sang frais sur la neige vierge". FascinĂ© au point d'en reparler le soir, dans l'Ă©garement de l'ivresse "le sang, le sang sur la neige, trĂšs propre, rouge et blanc, c'Ă©tait trĂšs beau". Le mĂȘme motif reparaĂźt dans l'Ă©pisode de la mort du mĂȘme Bergues. A l'endroit oĂč il a Ă©tĂ© tuĂ©, Langlois retrouve "une grande plaque de neige agglomĂ©rĂ©e avec du sang". Plus loin ,lorsque les chasseurs cernent le loup, qui vient d'Ă©gorger le chien de Curnier, au pied de la falaise du fond de Chalamont, "la neige est pleine de sang". Sur un mode indirect et mineur, l'association du rouge et du blanc, mais aussi du chaud et du froid, reparaĂźt Ă propos de Mme Tim, qui, jeune fille, a Ă©tĂ© pensionnaire d'un couvent situĂ© "prĂšs d'un volcan et d'un glacier". Tous ces moments nous prĂ©parent Ă la scĂšne qui vient Ă la fin du roman, quand Langlois descend chez Anselmie et lui demande de sacrifier pour lui une de ses oies. "Il l'a regardĂ©e saigner dans la neige". Puis il reste longuement immobile dans la contemplation de ce sang sur la neige. De tels moment ont valeur d'initiation Ă une vĂ©ritĂ© essentielle. DĂšs le dĂ©but su rĂ©cit, quand Bergues "dĂ©lire" Ă propos de la beautĂ© du sang sur la neige, le narrateur Ă©voque la scĂšne cĂ©lĂšbre du Conte du Graal de ChrĂ©tien de Troyes, oĂč Perceval reste en extase devant le spectacle sur la neige du sang d'oies sauvages blessĂ©es. RĂ©miniscence de son amour passif, chaste et contemplatif pour Blanchefleur. Chez Giono, la mĂȘme extase ouvre sur d'autre vĂ©ritĂ©s celle de l'alliance profonde et sacrĂ©e de la vie et de la mort - alliance manifestĂ©e aussi par le motif du hĂȘtre -, celle aussi de la cruautĂ© fondamentale et nĂ©cessaire du monde les enduits sanglants des fresques du "monastĂšre des montagnes" que sont les forĂȘts Ă l'automne "facilitent l'acceptation de la cruautĂ© et dĂ©livrent les sacrificateurs de tout remords". Alors se dĂ©voile "un autre systĂšme de rĂ©fĂ©rences" " ... les couteaux d'obsidienne des prĂȘtres de Quetzacoatl s'enfoncent logiquement dans des cSurs choisis. Nous en sommes avertis par la beautĂ©." Mais ce contraste rouge-blanc se retrouve aussi dans la messe par le vin et l'hostie comme dans les flacons de vin pourpre sur le blanc de la table du banquet Ă St-Baudille.
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Lon verra qu'un roi sans divertissement est un homme plein de misĂšres. - Citation sur Aide personnalisĂ©e pour tous vos devoirs de philosophie, rĂ©ponse Ă votre dissertation de philo en 1h chrono. Nos professeurs traitent tous les sujets, de tout niveaux, terminale, fac, classe prĂ©pa.Qu'on laisse un roi tout seul sans compagnie, penser Ă lui tout Ă loisir ; et l'on verra qu'un roi sans divertissement est un homme plein de misĂšres. Citation de Blaise Pascal Cette citation de Blaise Pascal Qu'on laisse un roi tout seul sans compagnie, penser Ă lui tout Ă loisir ; et l'on verra qu'un roi sans divertissement est un homme plein de misĂšres. , fait partie des plus belles citations et pensĂ©es que nous vous proposons de Blaise Pascal. Partager cette citation Vous trouverez ci-dessous des illustrations de cette citation de Blaise Pascal que vous pouvez facilement tĂ©lĂ©charger ou publier directement sur vos rĂ©seaux sociaux prĂ©fĂ©rĂ©s tels que Facebook, Twitter, Instagram ou Pinterest. 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Chronique RĂ©cit dans lequel les faits sont enregistrĂ©s dans lâordre chronologique . Son incipit 403 ERROR The Amazon CloudFront distribution is configured to block access from your country. We can't connect to the server for this app or website at this time. There might be too much traffic or a configuration error. Try again later, or contact the app or website owner. If you provide content to customers through CloudFront, you can find steps to troubleshoot and help prevent this error by reviewing the CloudFront documentation. Generated by cloudfront CloudFront Request ID sC4l1EFWPnAnSbdmE8l2tL_rXPBSaLYiXkXQZVk_GibIW4M_ODf8ig== Ledocument : "Un roi sans divertissement est un homme plein de misĂšres. Blaise Pascal, PensĂ©es, 142. Commentez cette citation." compte 0 mots. Pour le tĂ©lĂ©charger en Carte mentaleĂlargissez votre recherche dans UniversalisLe poison de l'ennuiĂ sa parution, Un roi sans divertissement dĂ©concerta les lecteurs. Cette Ćuvre, dont la construction est complexe, demeure difficile Ă apprĂ©hender. Le narrateur cĂ©dant la parole Ă divers intervenants, on ne sait plus toujours trĂšs bien qui parle ni d'ailleurs Ă quel moment se situe l'action, en raison d'oscillations continuelles entre le xxe siĂšcle, temps du rĂ©cit, et le xixe siĂšcle, temps de l' est Ă©galement composite dans son ton et dans son style. Giono voulait que ses chroniques ressemblent Ă des opĂ©ras-bouffes, qu'elles mĂ©langent farce et drame. Passant sans cesse du coq Ă l'Ăąne, Un roi sans divertissement fait se succĂ©der goguenardise et gravitĂ©, dĂ©braillĂ© et prĂ©cieux, tragique et le roman cultive l'implicite et le non-dit. Ni le narrateur ni l'auteur ne proposent de commentaire. Langlois lui-mĂȘme, introverti, mystĂ©rieux, ne livre rien de ses pensĂ©es. Aussi la clĂ© de l'histoire est-elle Ă chercher dans la citation de Pascal qui conclut le roman et lui donne son titre Un roi sans divertissement est un homme plein de misĂšres. »Qu'est-ce ici que l'absence de divertissement ? C'est le carcan de l'hiver, le paysage dĂ©sespĂ©rĂ©ment blanc et gris. Tout le contraire de la messe de NoĂ«l, avec l'or de son ciboire et de ses chasubles, de la chasse avec ses tenues d'apparat et ses sonneries de cors, ou encore du sang d'une oie Ă©gorgĂ©e qui s'Ă©goutte sur la ces cĂ©rĂ©monials » fascinent Langlois parce qu'ils comblent le vide d'un monde sans substance. Meurtrier Ă deux reprises, le hĂ©ros prend peu Ă peu conscience que l'ennui fait naĂźtre chez lui les mĂȘmes pulsions sadiques que chez C'est pourquoi il veut connaĂźtre son Ă©pouse et mĂȘme ses objets familiers, pour saisir sa personnalitĂ©. Pour lui aussi, la mort peut ĂȘtre un spectacle divertissant et la souffrance de l'autre un plaisir esthĂ©tique. Parce qu'il sent monter en lui ce besoin de cruautĂ©, il met fin Ă ses pessimiste, un des plus noirs que Giono ait Ă©crit avec Les Ămes fortes 1950, Un roi sans divertissement, traversĂ© de visions fulgurantes et oniriques, portĂ© par le lyrisme de l'Ă©criture, tĂ©moigne d'une extraordinaire puissance d'imagination. Le grand hĂȘtre aux cadavres, la traque du loup dans le val de Chalamont ou la mort de Langlois sont autant de pages qui hantent Ă jamais la mĂ©moire du 2 3 4 5 âŠpour nos abonnĂ©s, lâarticle se compose de 2 pagesĂcrit par agrĂ©gĂ© de lettres modernes, ancien Ă©lĂšve de l'Ăcole normale supĂ©rieureClassificationLittĂ©raturesĆuvres littĂ©rairesĆuvres littĂ©raires du xxe s. et du xxie s. en OccidentLittĂ©raturesĆuvres littĂ©rairesĆuvres littĂ©raires par genresĆuvres romanesquesAutres rĂ©fĂ©rences UN ROI SANS DIVERTISSEMENT, Jean Giono » est Ă©galement traitĂ© dans GIONO JEAN 1895-1970Ăcrit par Laurent FOURCAUT âą 6 230 mots Dans le chapitre Les Chroniques » » [âŠ] Avarice », perte » telles sont les deux grandes postulations qui vont dĂ©terminer l'univers des Chroniques , mais qui Ă©taient dĂ©jĂ prĂ©sentes, en creux, dĂšs le dĂ©but de l'Ćuvre, dont la structure la plus profonde est et aura Ă©tĂ© celle de la perte indirecte », fragile synthĂšse des deux . Le cholĂ©ra du Hussard , c'Ă©tait en somme l'allĂ©gorie du tourniquet tragique dans lequel est pris le dĂ©sir [âŠ] Lire la suiteRecevez les offres exclusives Universalis Ledocument : "« Un roi sans divertissement est un homme plein de misĂšres. » Blaise Pascal, PensĂ©es, 142. Commentez cette citation. " compte 762 mots. Pour le tĂ©lĂ©charger en entier, envoyez-nous lâun de vos travaux scolaires grĂące Ă notre systĂšme gratuit dâĂ©change de ressources numĂ©riques ou achetez-le pour la somme symbolique d Temps de lecture 30 minutes Il est vrai que câest ĂȘtre misĂ©rable, que de se connaĂźtre misĂ©rable ; mais câest aussi ĂȘtre grand, que de connaĂźtre quâon est misĂ©rable. Ainsi toutes ses misĂšres prouvent sa grandeur. Ce sont misĂšres de grand Seigneur, misĂšres dâun Roi dĂ©possĂ©dĂ©. MĂȘme s'il dit lui-mĂȘme que "se moquer de la philosophie, c'est vraiment philosopher" 513-4, il est certes contestable de faire de Pascal un philosophe alors qu'il n'a d'autre dessein que de faire l'apologie de la religion chrĂ©tienne au regard de la misĂšre de l'homme sans dieu. S'il admet les failles de la raison, c'est pour les boucher immĂ©diatement avec le dogme hĂ©ritĂ© "Deux excĂšs exclure la raison, n'admettre que la raison". Il est justement intĂ©ressant de voir comme le vrai peut venir du faux, et ce que la religion - qui a pris la suite des philosophies du bonheur et de leur Ă©chec - peut rĂ©vĂ©ler de nous et de nos faiblesses comme de notre incomplĂ©tude. En effet, cette luciditĂ© n'aurait sans doute pas Ă©tĂ© permise s'il n'en proposait immĂ©diatement le remĂšde trompeur de la foi dans une vĂ©ritĂ© rĂ©vĂ©lĂ©e, autre façon de s'empĂȘcher de penser. Il faut dire que cette voie chrĂ©tienne vers le bonheur se distingue du tout au tout des philosophies du bonheur prĂ©cĂ©dentes d'abord par le rejet du moi haĂŻssable jusqu'au sacrifice qui non seulement se prive des plaisirs mais valorise la souffrance ce qui ferait gagner des points pour son ciel. L'essentiel, c'est de se dĂ©livrer du souci de soi pour renvoyer la charge de la cause sur un Autre. Cette religion du suppliciĂ© comporte incontestablement une dimension masochiste avec l'image sanglante d'un homme clouĂ© Ă sa croix et suscitant la pitiĂ©, supposĂ© prendre sur lui toute la souffrance du monde. Ce douloureux calvaire est on ne peut plus Ă©loignĂ© de l'ataraxie du sage mais s'estime pourtant trĂšs supĂ©rieur Ă cette misĂ©rable sagesse trop humaine - un Dieu seul pouvant nous sauver ni la raison, ni le plaisir. On n'est pas ici dans la fonction politique de la religion mais dans sa fonction thĂ©rapeutique par laquelle elle rejoint malgrĂ© tout les philosophies du bonheur, apportant satisfaction Ă de profonds dĂ©sirs et de grandes espĂ©rances. Une des diffĂ©rences les plus notables, constituant la supĂ©rioritĂ© du chrĂ©tien sur le sage, c'est de reconnaĂźtre ses propres pĂ©chĂ©s et insuffisances, ce qui lui fait adopter une position d'humilitĂ© qui contraste avec l'orgueil du maĂźtre. C'est un avantage et il faut bien dire que, malgrĂ© toutes ses qualitĂ©s exceptionnelles, il est en effet trĂšs difficile de prendre Pascal en modĂšle. Certes, c'est un gĂ©nie extraordinairement prĂ©coce en mathĂ©matique - il a inventĂ© une machine Ă calculer Ă 18 ans, Ă©crit des traitĂ©s gĂ©omĂ©triques plus jeune encore, prouvĂ© l'existence du vide, etc. Cependant, il avait les nerfs fragiles, il Ă©tait dĂ©pressif, colĂ©rique, souffreteux. On est bien dans le pathologique. En octobre 1654, Ă 31 ans, alors que son carrosse a failli tomber dans le vide, retenu comme par miracle, il en est tellement choquĂ© qu'il en perd conscience et fait une expĂ©rience mystique qu'il dĂ©crira dans un papier, "le MĂ©morial", qu'il portait toujours sur lui, cousu dans son veston. Il y aurait beaucoup plus Ă dire sur son enfance et sa fragilitĂ© psychique mais cela suffit Ă montrer que sa dĂ©votion chrĂ©tienne n'avait vraiment rien Ă voir avec le fameux "pari de Pascal" qui prĂ©tend jouer la vĂ©ritĂ© aux dĂ©s en Ă©valuant la probabilitĂ© des plaisirs et des peines ici-bas et dans l'au-delĂ . MĂȘme s'il prĂ©tend que "il y a trois moyens de croire la raison, la coutume, l'inspiration", il est dĂ©jĂ scandaleux de faire de la foi un calcul incertain, n'ayant rien Ă voir avec les vĂ©ritables raisons de nos croyances - toute l'apologie de la religion chrĂ©tienne Ă©tant bien la dĂ©monstration que la religion rĂ©pond Ă nos besoins les plus intimes. Mais, lĂ oĂč on frise l'arnaque, c'est que l'application du calcul de probabilitĂ© qu'il avait inventĂ© perd absolument tout sens Ă mettre l'infini d'un cĂŽtĂ©. Il y a lĂ une forme de "mauvaise foi" incontestable. On aura compris qu'il n'y a nulle bonne raison de donner crĂ©dit Ă ses "pensĂ©es" sinon que plusieurs puissent nous sembler Ă©tonnamment vraies. Il ne peut ĂȘtre question d'adopter ses croyances mais de reconnaĂźtre, dans sa critique implacable, la rĂ©alitĂ© de nos existences dĂ©niĂ©e par l'idĂ©alisme et par les philosophies du bonheur, notamment ce terrible ennui qui nous poursuit et nous prĂ©cipite dans le divertissement pour nous empĂȘcher de penser Ă nous et Ă notre avenir. C'est aussi ce qui fait la valeur du travail et rend si invivable le chĂŽmage et bien sĂ»r la prison. On ne prend pas assez la mesure de l'importance fondamentale, ontologique, de l'ennui. Les dieux grecs eux-mĂȘmes craignaient l'ennui, un temps sans histoire, ce serait mĂȘme selon HĂ©siode la raison de la crĂ©ation du monde et de l'humanitĂ©, pour les divertir, de mĂȘme que, dans la Bible, Eve est créée pour sortir Adam de l'ennui ! Si Pascal voit bien son importance dans la vie de cour d'aristocrates dĂ©soeuvrĂ©s, s'occupant des jeux les plus futiles, il ne va pas jusqu'Ă reconnaĂźtre que la religion est sans doute le plus grand des divertissements, nous dĂ©livrant du non-sens premier et de devoir donner nous-mĂȘmes un sens Ă notre existence, nous projeter dans le futur forcĂ©ment collectif et non jouir du prĂ©sent comme le prĂ©tendent toutes les sagesses, ni suivre simplement son destin. Ce que l'ennui manifeste, c'est en effet qu'on ne se satisfait pas du corps ni d'une nature donnĂ©e, mais qu'on a besoin d'une cause extĂ©rieure, des autres, ou d'un grand Autre sous la forme d'un Dieu hĂ©ritĂ© du pĂšre dont l'avantage est qu'on l'a toujours sous la main ! Sinon, l'ennui profond est bien le sentiment d'un manque, voire la conscience de notre nullitĂ©, mais, sauf quand il n'est que l'impatience d'un ailleurs ou de pouvoir se jeter dans l'action, il manifeste plutĂŽt le manque du manque, nos passe-temps rendus Ă leur vanitĂ©, nous laissant inoccupĂ©s et sans avenir, manque de dĂ©sir et de motivation plus encore que d'idĂ©al, et donc sans fin assignable. Il faut rappeler les 3 sortes d'ennui que distinguera Heidegger l'ennui accidentel de l'attente d'un train qui cherche un passe-temps, l'ennui mondain des soirĂ©es inutiles qui sont une perte de temps, et l'ennui profond d'une indiffĂ©rence qui nous concerne intimement. Cet ennui est supposĂ© pouvoir nous ouvrir aux possibles qui pourtant se refusent et serait mĂȘme au fondement de notre libertĂ© de nous choisir nous-mĂȘmes tout comme nos engagements. Il est ainsi de bon ton Ă l'Ă©poque numĂ©rique de regretter le bon temps de l'ennui, nous forçant Ă la crĂ©ativitĂ©, ce qui n'est pas faux sans doute mais tous nos appareils n'empĂȘchent pas de s'ennuyer et le vrai, c'est que c'est un Ă©tat trĂšs pĂ©nible, et mĂȘme souvent suicidaire Ă se soustraire au monde, sortir du jeu et de l'illusio, en tout cas la dure Ă©preuve de la durĂ©e. La critique du divertissement prĂ©figure la critique de l'aliĂ©nation ou du spectacle, bien avant nos technologies, mais, s'il n'y a pas d'harmonie prĂ©alable, de nature Ă suivre, de plaisir satisfaisant, la question doit ĂȘtre reprise sous un autre angle que celle d'une altĂ©ration, d'une dĂ©naturation dĂšs lors qu'elle est dĂ©jĂ au dĂ©part. "La nature de lâhomme est toute nature, omne animal. Il nây a rien quâon ne rende naturel. Il nây a naturel quâon ne fasse perdre". Il semble bien que ce ne soit pas seulement une invention de la religion notre pĂ©chĂ© originel de ne pas pouvoir se suffire Ă soi-mĂȘme, de ne pas avoir de remĂšde vĂ©ritable contre la conscience de la mort ni aboutir Ă une fin heureuse "Le dernier acte est toujours sanglant, quelque belle que soit la comĂ©die en tout le reste. On jette enfin de la terre sur la tĂȘte, et en voilĂ pour jamais". Ce n'est pas une raison pour autant d'accepter l'ordre Ă©tabli comme un ordre divin, et ne pas chercher Ă l'amĂ©liorer au moins, sous prĂ©texte que ce ne sera jamais parfait et qu'il y aura toujours de la souffrance. L'ennui nous pousse au contraire Ă l'action et l'engagement mĂȘme s'il ne devrait plus ĂȘtre possible de promettre le bonheur ou de retrouver une authenticitĂ© originelle surtout aprĂšs l'expĂ©rience de la psychanalyse, ici dĂ©cisive pour continuer la phĂ©nomĂ©nologie du dĂ©sir et empĂȘcher de rĂȘver Ă un homme nouveau. Bien sĂ»r il est plus dĂ©sespĂ©rant, et difficilement supportable, d'admettre l'Ă©chec de la philosophie, assez prouvĂ© par l'expĂ©rience, s'il n'y a pas de Dieu cachĂ© pour nous en consoler et tenir ses promesses comme pour les Romains passant du stoĂŻcisme au christianisme. AprĂšs la "mort de Dieu", l'ennui va devenir le Mal du siĂšcle, l'Ă©tat d'Ăąme du nihilisme confrontĂ© Ă l'absence de sens, confirmation de "la misĂšre de l'homme sans Dieu". Il ne suffit pas de prĂ©tendre "vivre sans temps mort" ou multiplier les expĂ©riences extrĂȘmes pour conjurer le vide. Cela devrait plutĂŽt nous ramener Ă plus d'humilitĂ©, au savoir de l'ignorance d'un Socrate et sa critique de la sagesse contre les prĂ©tentions des demi-savants, mais, en tout cas, l'unitĂ© de la pensĂ©e et de l'ĂȘtre est bien dĂ©finitivement brisĂ©e malgrĂ© les innombrables tentatives de la reconstituer. Il nous faut revenir Ă nos existences concrĂštes et nos rapports humains, dans leur finitude, leur singularitĂ©, avec leurs mauvais cĂŽtĂ©s et leurs bonheurs relatifs ou passagers, loin des promesses des grands systĂšmes et des formules magiques. ReconnaĂźtre la rĂ©alitĂ© serait donc admettre qu'il n'y a pas d'assurance bonheur ni de complĂšte satisfaction possible en ce monde imparfait, nous dĂ©livrant ainsi d'une quĂȘte malheureuse, d'une lutte contre l'aliĂ©nation devenue encore plus aliĂ©nante, comme du souci de soi et de sa petite existence le moi haĂŻssable, pour se tourner vers l'enfer des autres dont on veut ĂȘtre aimĂ© ou reconnu ? Si on y gagne de sortir de l'impasse narcissique et de l'obsession de la jouissance ou de nos nĂ©vroses, ce n'est pas pour autant que ce "divertissement" de soi nous rendrait beaucoup plus heureux puisque, la plupart du temps, ce sont les autres qui nous font souffrir, mĂȘme si on y trouve aussi le rĂ©confort. LĂ -dessus, Pascal, qui n'est pas trĂšs charitable, ne nous laisse aucune illusion non plus. "Je mets au fait que si tous les hommes savaient ce qu'ils disent les uns des autres, il n'y aurait pas quatre amis dans le monde". A dĂ©faut d'un Dieu, ce qui peut nous sauver, c'est la transcendance du monde, le souci de sa prĂ©servation, non pas seulement de l'humanitĂ© mais de l'existence du monde que nous habitons et de son Ă©volution Ă©cologique et cognitive dont nous sommes le rĂ©sultat et qui nous donne sens. VoilĂ certainement ce qui peut donner valeur Ă notre action et nous dĂ©cider Ă participer Ă cette extĂ©rioritĂ© objective mais c'est sans doute en ne mettant pas trop l'homme au centre de façon autorĂ©fĂ©rentielle, en arrĂȘtant de l'idĂ©aliser et d'en attendre des merveilles, qu'on pourra se supporter plus facilement et agir ensemble pour le bien commun, voire s'aimer avec tous nos dĂ©fauts et ce terrible ennui qui nous vide de l'intĂ©rieur et dont on ne craint rien tant qu'il ne revienne. ContrariĂ©tĂ©s Ă©tonnantes qui se trouvent dans la nature de lâhomme Ă lâĂ©gard de la vĂ©ritĂ©, du bonheur, et de plusieurs autres choses. Rien nâest plus Ă©trange dans la nature de lâhomme que les contrariĂ©tĂ©s que lâon y dĂ©couvre Ă lâĂ©gard de toutes choses. Il est fait pour connaĂźtre la vĂ©ritĂ© ; il la dĂ©sire ardemment, il la cherche ; et cependant quand il tĂąche de la saisir, il sâĂ©blouit et se confond de telle sorte, quâil donne sujet de lui en disputer la possession. Câest ce qui a fait naĂźtre les deux sectes de Pyrrhoniens [sceptiques] et de Dogmatistes, dont les uns ont voulu ravir Ă lâhomme toute connaissance de la vĂ©ritĂ©, et les autres tĂąchent de la lui assurer ; mais chacun avec des raisons si peu vraisemblables quâelles augmentent la confusion et lâembarras de lâhomme, lorsquâil nâa point dâautre lumiĂšre que celle quâil trouve dans sa nature. [...] VoilĂ ce quâest lâhomme Ă lâĂ©gard de la vĂ©ritĂ©. ConsidĂ©rons-le maintenant Ă lâĂ©gard de la fĂ©licitĂ© quâil recherche avec tant dâardeur en toutes ses actions. Car tous les hommes dĂ©sirent dâĂȘtre heureux ; cela est sans exception. Quelques diffĂ©rents moyens quâil y emploient, ils tendent tous Ă ce but. Ce qui fait que lâun va Ă la guerre, et que lâautre nây va pas, câest ce mĂȘme dĂ©sir qui est dans tous les deux accompagnĂ© de diffĂ©rentes vues. La volontĂ© ne fait jamais la moindre dĂ©marche que vers cet objet. Câest le motif de toutes les actions de tous les hommes, jusquâĂ ceux qui se tuent et qui se pendent. Et cependant depuis un si grand nombre dâannĂ©es, jamais personne sans la foi nâest arrivĂ© Ă ce point, oĂč tous tendent continuellement. Tous se plaignent, Princes, sujets ; nobles, roturiers ; vieillards, jeunes ; forts, faibles ; savants, ignorants ; sains, malades ; de tous pays, de tous temps, de tous Ăąges, et de toutes conditions. Une Ă©preuve si longue, si continuelle, et si uniforme devrait bien nous convaincre de lâimpuissance oĂč nous sommes, dâarriver au bien par nos efforts. Mais lâexemple ne nous instruit point. Il nâest jamais si parfaitement semblable, quâil nây ait quelque dĂ©licate diffĂ©rence ; et câest de lĂ que nous attendons que notre espĂ©rance ne sera pas déçue en cette occasion comme en lâautre. Ainsi le prĂ©sent ne nous satisfaisant jamais, lâespĂ©rance nous pipe, et de malheur en malheur nous mĂšne jusquâĂ la mort qui en est le comble Ă©ternel. [...] La nature nous rendant toujours malheureux en tous Ă©tats, nos dĂ©sirs nous figurent un Ă©tat heureux parce quâils joignent Ă lâĂ©tat oĂč nous sommes les plaisirs de lâĂ©tat oĂč nous ne sommes pas et quand nous arriverions Ă ces plaisirs nous ne serions pas heureux pour cela parce que nous aurions dâautres dĂ©sirs conformes Ă ce nouvel Ă©tat. [...] Notre instinct nous fait sentir quâil faut chercher notre bonheur en nous. Nos passions nous poussent au dehors, quand mĂȘme les objets ne sâoffriraient pas pour les exciter. Les objets du dehors nous tentent dâeuxâmĂȘmes, et nous appellent, quand mĂȘme nous nây pensons pas. Ainsi les Philosophes ont beau dire rentrez en vous mĂȘmes, vous y trouverez votre bien ; on ne les croit pas ; et ceux qui les croient sont les plus vides et les plus sots. Car quây a-t-il de plus ridicule et de plus vain que ce que proposent StoĂŻciens, et de plus faux que tous leurs raisonnements ? Ils concluent quâon peut toujours ce quâon peut quelquefois, et que puisque le dĂ©sir de la gloire fait bien faire quelque chose Ă ceux quâil possĂšde, les autres le pourront bien aussi. Ce sont des mouvements fiĂ©vreux que la santĂ© ne peut imiter. La guerre intĂ©rieure de la raison contre les passions a fait que ceux qui ont voulu avoir la paix se sont partagĂ©s en deux sectes. Les uns ont voulu renoncer aux passions, et devenir Dieux. Les autres ont voulu y renoncer Ă la raison, et devenir bĂȘtes. Mais ils ne lâont pu ni les uns ni les autres ; et la raison demeure toujours qui accuse la bassesse et lâinjustice des passions, et trouble le repos de ceux qui sây abandonnent et les passions sont toujours vivantes dans ceux mĂȘmes qui veulent y renoncer. VoilĂ ce que peut lâhomme par lui-mĂȘme et par ses propres efforts Ă lâĂ©gard du vrai, et du bien. Nous souhaitons la vĂ©ritĂ©, et ne trouvons en nous quâincertitude. Nous cherchons le bonheur, et ne trouvons que misĂšre. Nous sommes incapables de ne pas souhaiter la vĂ©ritĂ© et le bonheur, et sommes incapables et de certitude et de bonheur. [...] Ce qui mâĂ©tonne le plus est de voir que tout le monde nâest pas Ă©tonnĂ© de sa faiblesse. On agit sĂ©rieusement et chacun suit sa condition, non pas parce quâil est bon en effet de la suivre, puisque la mode en est, mais comme si chacun savait certainement oĂč est la raison et la justice. On se trouve déçu Ă toute heure et par une plaisante humilitĂ© on croit que câest sa faute et non pas celle de lâart quâon se vante toujours dâavoir. Mais il est bon quâil y ait tant de ces gens-lĂ au monde qui ne soient pas pyrrhoniens pour la gloire du pyrrhonisme, afin de montrer que lâhomme est bien capable des plus extravagantes opinions, puisquâil est capable de croire quâil nâest pas dans cette faiblesse naturelle et inĂ©vitable, et de croire, quâil est au contraire dans la sagesse naturelle. Le dĂ©sir de reconnaissance Nous avons une si grande idĂ©e de lâĂąme de lâhomme, que nous ne pouvons souffrir dâen ĂȘtre mĂ©prisĂ©s, et de nâĂȘtre pas dans lâestime dâune Ăąme et toute la fĂ©licitĂ© des hommes consiste dans cette estime. Si dâun cĂŽtĂ© cette fausse gloire que les hommes cherchent est une grande marque de leur misĂšre, et de leur bassesse, câen est une aussi de leur excellence. Car quelques possessions quâil ait sur la terre, de quelque santĂ© et commoditĂ© essentielle quâil jouisse, il nâest pas satisfait sâil nâest dans lâestime des hommes. Il estime si grande la raison de lâhomme, que quelque avantage quâil ait dans le monde, il se croit malheureux, sâil nâest placĂ© aussi avantageusement dans la raison de lâhomme. Câest la plus belle place du monde rien ne le peut dĂ©tourner de ce dĂ©sir ; et câest la qualitĂ© la plus ineffaçable du cĆur de lâhomme. Jusque lĂ que ceux qui mĂ©prisent le plus les hommes et qui les Ă©galent aux bĂȘtes, en veulent encore ĂȘtre admirĂ©s, et se contredisent Ă eux mĂȘmes par leur propre sentiment ; leur nature qui est plus forte que toute leur raison les convainquant plus fortement de la grandeur de lâhomme, que la raison ne les convainc de sa bassesse. Lâhomme nâest quâun roseau le plus faible de la nature ; mais câest un roseau pensant. Il ne faut pas que lâunivers entier sâarme pour lâĂ©craser. Une vapeur, une goutte dâeau suffit pour le tuer. Mais quand lâunivers lâĂ©craserait, lâhomme serait encore plus noble que ce qui le tue ; parce quâil sait quâil meurt ; et lâavantage que lâunivers a sur lui, lâunivers nâen sait rien. Ainsi toute notre dignitĂ© consiste dans la pensĂ©e. Câest de lĂ quâil faut nous relever, non de lâespace et de la durĂ©e. Travaillons donc Ă bien penser. VoilĂ le principe de la morale. [...] Nous ne nous contentons pas de la vie que nous avons en nous, et en notre propre ĂȘtre nous voulons vivre dans lâidĂ©e des autres dâune vie imaginaire ; et nous nous efforçons pour cela de paraĂźtre. Nous travaillons incessamment Ă embellir et conserver cet ĂȘtre imaginaire, et nĂ©gligeons le vĂ©ritable. Et si nous avons ou la tranquillitĂ©, ou la gĂ©nĂ©rositĂ©, ou la fidĂ©litĂ©, nous nous empressons de le faire savoir, afin dâattacher ces vertus Ă cet ĂȘtre dâimagination nous les dĂ©tacherions plutĂŽt de nous pour les y joindre ; et nous serions volontiers poltrons, pour acquĂ©rir la rĂ©putation dâĂȘtre vaillants. Grande marque du nĂ©ant de notre propre ĂȘtre, de nâĂȘtre pas satisfait de lâun sans lâautre, et de renoncer souvent Ă lâun pour lâautre ! Car qui ne mourrait pour conserver son honneur, celui-lĂ serait infĂąme. [...] La vanitĂ© est si ancrĂ©e dans le cĆur de lâhomme, quâun goujat, un marmiton, un crocheteur se vante, et veut avoir ses admirateurs. Et les Philosophes mĂȘmes en veulent. Ceux qui Ă©crivent contre la gloire, veulent avoir la gloire dâavoir bien Ă©crit ; et ceux qui le lisent, veulent avoir la gloire de lâavoir lu ; et moi qui Ă©cris ceci, jâai peut-ĂȘtre cette envie ; et peut ĂȘtre que ceux qui le liront lâauront aussi. [...] Nous sommes si prĂ©somptueux, que nous voudrions ĂȘtre connus de toute la terre, et mĂȘme des gens qui viendront quand nous ne serons plus. Et nous sommes si vains, que lâestime de cinq ou six personnes qui nous environnent nous amuse et nous contente. L'inquiĂ©tude humaine Nous ne nous tenons jamais au prĂ©sent. Nous anticipons lâavenir comme trop lent, et comme pour le hĂąter ; ou nous rappelons le passĂ© pour lâarrĂȘter comme trop prompt. Si imprudents, que nous errons dans les temps qui ne sont pas Ă nous, et ne pensons point au seul qui nous appartient et si vains, que nous songeons Ă ceux qui ne sont point, et laissons Ă©chapper sans rĂ©flexion le seul qui subsiste. Câest que le prĂ©sent dâordinaire nous blesse. Nous le cachons Ă notre vue, parce quâil nous afflige ; et sâil nous est agrĂ©able, nous regrettons de le voir Ă©chapper. Nous tĂąchons de le soutenir par lâavenir, et pensons Ă disposer les choses qui ne sont pas en notre puissance pour un temps oĂč nous nâavons aucune assurance dâarriver. Que chacun examine sa pensĂ©e. Il la trouvera toujours occupĂ©e au passĂ© et Ă lâavenir. Nous ne pensons presque point au prĂ©sent ; et si nous y pensons, ce nâest que pour en prendre des lumiĂšres, pour disposer lâavenir. Le prĂ©sent nâest jamais notre but. Le passĂ© et le prĂ©sent sont nos moyens ; le seul avenir est notre objet. Ainsi nous ne vivons jamais ; mais nous espĂ©rons de vivre ; et nous disposant toujours Ă ĂȘtre heureux, il est indubitable que nous ne le serons jamais, si nous nâaspirons Ă une autre bĂ©atitude quâĂ celle dont on peut jouir en cette vie. Ennui et divertissement Tout le malheur des hommes vient dâune seule chose, qui est de ne savoir pas demeurer en repos dans une chambre. Rien n'est si insupportable Ă l'homme que d'ĂȘtre dans un plein repos, sans passions, sans affaire, sans divertissement, sans application. Il sent alors son nĂ©ant, son abandon, son insuffisance, sa dĂ©pendance, son impuissance, son vide. Incontinent il sortira du fond de son Ăąme l'ennui, la noirceur, la tristesse, le chagrin, le dĂ©pit, le dĂ©sespoir. Lâhomme qui nâaime que soi ne hait rien tant que dâĂȘtre seul avec soi. Il ne recherche rien que pour soi, et ne fuit rien tant que soi ; parce que quand il se voit, il ne se voit pas tel quâil se dĂ©sire, et quâil trouve en soi-mĂȘme un amas de misĂšres inĂ©vitables, et un vide de bien rĂ©els et solides quâil est incapable de remplir. Quâon choisisse telle condition quâon voudra, et quâon y assemble tous les biens, et toutes les satisfactions qui semblent pouvoir contenter un homme. Si celui quâon aura mis en cet Ă©tat est sans occupation, et sans divertissement, et quâon le laisse faire rĂ©flexion sur ce quâil est, cette fĂ©licitĂ© languissante ne le soutiendra pas. Il tombera par nĂ©cessitĂ© dans des vues affligeantes de lâavenir et si on ne lâoccupe hors de lui, le voila nĂ©cessairement malheureux. La dignitĂ© royale nâest-elle pas assez grande dâelle-mĂȘme, pour rendre celui qui la possĂšde heureux par la seule vue de ce quâil est ? Faudra-t-il encore le divertir de cette pensĂ©e comme les gens du commun ? Je vois bien, que câest rendre un homme heureux, que de le dĂ©tourner de la vue de ses misĂšres domestiques, pour remplir toute sa pensĂ©e du soin de bien danser. Mais en sera-t-il de mĂȘme dâun Roi ? Et sera-t-il plus heureux en sâattachant Ă ces vains amusements, quâĂ la vue de sa grandeur ? Quel objet plus satisfaisant pourrait-on donner Ă son esprit ? Ne serait-ce pas faire tort Ă sa joie, dâoccuper son Ăąme Ă penser Ă ajuster ses pas Ă la cadence dâun air, ou Ă placer adroitement une balle ; au lieu de le laisser jouir en repos de la contemplation de la gloire majestueuse qui lâenvironne ? Quâon en fasse lâĂ©preuve ; quâon laisse un Roi tout seul, sans aucune satisfaction des sens, sans aucun soin dans lâesprit, sans compagnie, penser Ă soi tout Ă loisir ; et lâon verra, quâun Roi qui se voit, est un homme plein de misĂšres, et qui les ressent comme un autre. Aussi on Ă©vite cela soigneusement, et il ne manque jamais dây avoir auprĂšs des personnes des Rois un grand nombre de gens qui veillent Ă faire succĂ©der le divertissement aux affaires, et qui observent tout le temps de leur loisir, pour leur fournir des plaisirs et des jeux, en sorte quâil nây ait point de vide. Câest Ă dire, quâils sont environnĂ©s de personnes, qui ont un soin merveilleux de prendre garde que le Roi ne soit seul, et en Ă©tat de penser Ă soi ; sachant quâil sera malheureux, tout Roi quâil est, sâil y pense. Aussi la principale chose qui soutient les hommes dans les grandes charges, dâailleurs si pĂ©nibles, câest quâils sont sans cesse dĂ©tournĂ©s de penser Ă eux. Prenez y garde. Quâest-ce autre chose dâĂȘtre Surintendant, Chancelier, premier PrĂ©sident, que dâavoir un grand nombre de gens, qui viennent de tous cĂŽtĂ©s, pour ne leur laisser pas une heure en la journĂ©e oĂč ils puissent penser Ă eux-mĂȘmes ? Et quand ils sont dans la disgrĂące, et quâon les renvoie Ă leurs maisons de campagne, oĂč ils ne manquent ni de biens ni de domestiques pour les assister en leurs besoins, ils ne laissent pas dâĂȘtre misĂ©rables, parce que personne ne les empĂȘche plus de songer Ă eux. De lĂ vient que tant de personnes se plaisent au jeu, Ă la chasse, et aux autres divertissements qui occupent toute leur Ăąme. Ce nâest pas quâil y ait en effet du bonheur dans ce que lâon peut acquĂ©rir par le moyen de ces jeux, ni quâon sâimagine que la vraie bĂ©atitude soit dans lâargent quâon peut gagner au jeu, ou dans le liĂšvre que lâon court. On nâen voudrait pas sâil Ă©tait offert. Ce nâest pas cet usage mol et paisible, et qui nous laisse penser Ă notre malheureuse condition quâon recherche ; mais câest le tracas qui nous dĂ©tourne dây penser. De lĂ vient que les hommes aiment tant le bruit et le tumulte du monde ; que la prison est un supplice si horrible ; et quâil y a si peu de personnes qui soient capables de souffrir la solitude. [...] Les hommes ont un instinct secret qui les porte Ă chercher le divertissement et lâoccupation au dehors, qui vient du ressentiment de leur misĂšre continuelle. Et ils ont un autre instinct secret qui reste de la grandeur de leur premiĂšre nature, qui leur fait connaĂźtre, que le bonheur nâest en effet que dans le repos. Et de ces deux instincts contraires, il se forme en eux un projet confus, qui se cache Ă leur vue dans le fonds de leur Ăąme, qui les porte Ă tendre au repos par lâagitation, et Ă se figurer toujours, que la satisfaction quâils nâont point leur arrivera, si, en surmontant quelques difficultĂ©s quâils envisagent, ils peuvent sâouvrir par lĂ la porte au repos. Ainsi sâĂ©coule toute la vie. On cherche le repos en combattant quelques obstacles ; et si on les a surmontĂ©s, le repos devient insupportable. Car, ou lâon pense aux misĂšres quâon a, ou Ă celles dont on est menacĂ©. Et quand on se verrait mĂȘme assez Ă lâabri de toutes parts, lâennui de son autoritĂ© privĂ©e ne laisserait pas de sortir du fonds du cĆur, oĂč il a ses racines naturelles, et de remplir lâesprit de son venin. Câest pourquoi lorsque Cineas disait Ă Pyrrus qui se proposait de jouir du repos avec ses amis aprĂšs avoir conquis une grande partie du monde, quâil ferait mieux dâavancer lui mĂȘme son bonheur, en jouissant dĂ©s lors de ce repos, sans lâaller chercher par tant de fatigues, il lui donnait un conseil qui recevait de grandes difficultĂ©s, et qui nâĂ©tait guĂšre plus raisonnable que le dessein de ce jeune ambitieux. Lâun et lâautre supposait que lâhomme se pĂ»t contenter de soi-mĂȘme et de ses biens prĂ©sents, sans remplir le vide de son cĆur dâespĂ©rances imaginaires, ce qui est faux. Pyrrhus ne pouvait ĂȘtre heureux ni devant ni aprĂšs avoir conquis le monde. Et peut-ĂȘtre que la vie molle que lui conseillait son ministre Ă©tait encore moins capable de le satisfaire, que lâagitation de tant de guerres, et de tant de voyages quâil mĂ©ditait. On doit donc reconnaĂźtre, que lâhomme est si malheureux, quâil sâennuierait mĂȘme sans aucune cause Ă©trangĂšre dâennui par le propre Ă©tat de sa condition naturelle et il est avec cela si vain et si lĂ©ger, quâĂ©tant plein de mille causes essentielles dâennui, la moindre bagatelle suffit pour le divertir. De sorte quâĂ le considĂ©rer sĂ©rieusement, il est encore plus Ă plaindre de ce quâil se peut divertir Ă des choses si frivoles et si basses, que de ce quâil sâafflige de ses misĂšres effectives ; et ses divertissements sont infiniment moins raisonnables que son ennui. L'ignorance savante Si lâhomme sâĂ©tudiait, il verrait combien il est incapable de passer outre. Comment se pourrait-il quâune partie connĂ»t le tout ? [...] Donc toutes choses Ă©tant causĂ©es et causantes, aidĂ©es et aidantes, mĂ©diatement et immĂ©diatement, et toutes sâentretenant par un lien naturel et insensible qui lie les plus Ă©loignĂ©es et les plus diffĂ©rentes, je tiens impossible de connaĂźtre les parties sans connaĂźtre le tout, non plus que de connaĂźtre le tout sans connaĂźtre particuliĂšrement les parties. [...] La force est la reine du monde, et non pas l'opinion; mais l'opinion est celle qui use de la force. C'est la force qui fait l'opinion. [...] Les sciences ont deux extrĂ©mitĂ©s qui se touchent. La premiĂšre est la pure ignorance naturelle, oĂč se trouvent tous les hommes en naissant. Lâautre extrĂ©mitĂ© est celle oĂč arrivent les grandes Ăąmes, qui ayant parcouru tout ce que les hommes peuvent savoir, trouvent quâils ne savent rien, et se rencontrent dans cette mĂȘme ignorance dâoĂč ils Ă©taient partis. Mais câest une ignorance savante qui se connaĂźt. Ceux dâentre eux qui sont sortis de lâignorance naturelle, et nâont pu arriver Ă lâautre, ont quelque teinture de cette science suffisante, et font les entendus. Ceux lĂ troublent le monde, et jugent plus mal de tout que les autres. Le peuple et les habiles composent pour lâordinaire le train du monde. Les autres le mĂ©prisent et en sont mĂ©prisĂ©s. Sauf exceptions, c'est la version de Port-Royal des PensĂ©es 1670. Article intĂ©grĂ© Ă une petite histoire de la philosophie.
[box type= »bio »] Senda Souabni Jlidi, UniversitĂ© de Tunis I [/box] [box type= »info »] Varia du dossier Lâabsurde au prisme de la littĂ©rature, les vignettes prĂ©sentent, sous forme de brĂšves, quelques unes des Ćuvres emblĂ©matiques du mouvement littĂ©raire de lâabsurde.[/box] Dans Un roi sans divertissement, publiĂ© en 1947 et Ă©crit en un peu plus dâun mois, du 1er septembre au 10 octobre 1946, Jean Giono situe lâhistoire un hiver de 184⊠dans un village de montagne. Une sĂ©rie de disparitions se produit dont le coupable reste introuvable jusquâĂ ce quâarrive un capitaine de gendarmerie qui se charge de lâenquĂȘte Langlois. Lâintrigue pourrait ĂȘtre simplement policiĂšre si les motivations du meurtrier et celles du policier nâĂ©taient pas dâun autre ordre que celles qui dâordinaire rĂ©gissent ce genre. Le titre et la phrase de clausule[1] qui renvoient Ă Pascal donnent au texte une rĂ©sonnance qui situe lâenquĂȘte sur un plan diffĂ©rent de celui commun aux romans policiers. De fait, sâil sâagit bien de meurtres et de disparitions, il sâagit aussi dâoccuper le vide dâun monde insubstantiel » tel que lâaffirme Robert Ricatte[2]. Dans ce village que la neige ensevelit pour de longs mois dâinactivitĂ© et dâennui, le blanc devient synonyme de vide Ă remplir et dâangoisse Ă dissiper. Car cette nature rendue soudain hostile nâest pas tant une menace physique quâune atteinte Ă lâĂȘtre mĂȘme, mettant lâhomme face Ă soi, lâobligeant Ă une confrontation qui, pour le dire comme Pascal, fait rĂ©flĂ©chir au Malheur naturel de notre condition faible et mortelle, et si misĂ©rable, que rien ne peut nous consoler, lorsque nous y pensons de prĂšs[3]. Tous droits rĂ©servĂ©s Câest en cela quâUn roi sans divertissement module de façon fort originale la thĂ©matique de lâabsurde et doit se lire comme une protestation contre la condition humaine. Giono ne dĂ©montre pas. Il raconte â dâailleurs de façon fort lacunaire pour garder aux personnages tout leur mystĂšre â le tĂątonnement au bout duquel le gendarme finit par comprendre les motivations du meurtrier sâil tue câest par fascination pour le rouge du sang contrastant avec le blanc de la neige, y trouvant un remĂšde Ă lâennui distillĂ© par un hiver qui semble ne jamais vouloir finir. Introduisant ainsi le motif esthĂ©tique, Giono fait le pari que seul le recours au Beau est salutaire dans une condition dĂ©sespĂ©rĂ©e. Plus innocemment, les villageois â prisonniers dans un village que la neige rend inaccessible de lâextĂ©rieur mais Ă©galement paralysĂ©s de peur Ă lâidĂ©e dâĂȘtre surpris par le meurtrier â rĂȘvent, cloĂźtrĂ©s et oisifs, dâun monde aux couleurs du paon[4] ». La couleur, nĂ©gation du blanc assimilĂ© au linceul de neige qui recouvre le village et y fige toute vie, est la possibilitĂ© dâintroduire dans lâhostilitĂ© primitive du monde[5] », un divertissement, câest-Ă -dire une possibilitĂ© de dĂ©tourner lâesprit de la pensĂ©e tragique de la mort. La couleur se charge dâapporter une consolation Ă lâabsurditĂ© de lâexistence. Câest pourquoi le narrateur dâUn roi sans divertissement qui a vite compris que lâinterprĂ©tation la plus probante des crimes commis Ă©chappe aux raisons admises et conventionnelles dans ce genre dâaffaire, situe son enquĂȘte sur le plan de la BeautĂ© non sur celui de la VĂ©ritĂ©. Il rejette par exemple le point de vue â prosaĂŻque â de son ami historien pour faire de lâacte meurtrier une rĂ©ponse au nĂ©ant[6]. Si lâassassin tue câest donc pour apposer son empreinte sur un monde qui le nie. Le meurtre pourrait ĂȘtre compris comme la rĂ©ponse Ă ce silence dĂ©raisonnable du monde[7] » dont parle Camus dans Le Mythe de Sisyphe. Ainsi donc, dans ce roman qui illustre le tragique de la conscience quand elle prend acte de lâabsurde, le but de Giono nâest pas, malgrĂ© le titre, de se rallier Ă Pascal et de trouver le salut dans la pensĂ©e de Dieu, mais de montrer que la tentative la plus aboutie, la seule digne dâĂȘtre retenue pour contrer lâabsurde est le geste esthĂ©tique. En faisant couler le sang de ses victimes sur la neige, le meurtrier se crĂ©e par ce spectacle hypnotique les conditions du bonheur. Que ce bonheur soit temporaire, illusoire, factice, lĂ nâest pas la question et dâailleurs les victimes potentielles sont lĂ©gion. Le temps de lâextase, tirĂ© hors de lui-mĂȘme, diverti, le meurtrier dĂ©passe les limites de la condition humaine et Ă©chappe Ă la finitude. Dans lâespace illimitĂ© de la neige sans contours ni repĂšres, il inscrit son dĂ©sir dâabsolu. Il existe alors hyperboliquement. Giono ne se soucie pas de morale. Peu importe que la victime soit innocente. La question nâaffleure jamais dans le texte. La rĂ©flexion esthĂ©tique exclut la rĂ©flexion Ă©thique. Le narrateur affirme, entrant dans les raisons du criminel [âŠ] je veux dire quâil est facile dâimaginer, compte tenu des cheveux trĂšs noirs, de la peau trĂšs blanche, du poivre de Marie Chazottes, dâimaginer que son sang est trĂšs beau. Je dis beau. Parlons en peintre[8]. Par ailleurs, le dĂ©sir de cruautĂ© est inscrit dans tous les hommes. Il ne sâagit pas dâen discuter. Giono le note comme une Ă©vidence. Lâaffirmation que lâauteur des crimes est un homme comme les autres[9] » nâest pas une condamnation de tous les hommes mais le constat quâils rĂ©pondent aux insuffisances de la condition humaine par les moyens qui leur sont donnĂ©s, en particulier par cette part de monstruositĂ© naturelle Ă tout un chacun. Par cette illustration de la banalitĂ© du mal », Un roi sans divertissement fait allĂ©geance au contexte qui lâa vu naĂźtre. Cependant, nâest pas roi qui veut. Le meurtre conjurateur de lâennui dans Un roi sans divertissement est le fait de ces Ăąmes dâexception â que Giono appelle les Ăąmes fortes[10] » â qui font fi des normes aussi bien humaines que divines et bousculent les limites qui leur sont imparties. En tuant, est un roi qui se divertit. En acceptant dâĂȘtre tuĂ© par Langlois qui reconnaĂźt en lui un homme au-dessus de la loi puisquâil ne le livre pas Ă la justice, il paye le tribut de cette transgression et montre que le dĂ©fi lancĂ© Ă la condition humaine vaut bien quâon en meure. Câest sans doute cela que Langlois comprend dans lâultime et silencieux face Ă face avec Devenant son frĂšre, son semblable, contaminĂ© par le vertige existentiel, confrontĂ© Ă lâabsurditĂ© dâune existence devenue Ă©triquĂ©e et dont le sens en dehors de lâacte de tuer est absent, se sentant incapable de rĂ©sister plus longtemps Ă lâattrait du meurtre, ayant essayĂ© en vain des divertissements moins royaux, Langlois se suicide en fumant un bĂąton de dynamite. Mais quel hommage plus grand Ă lâart que celui que lui rend Giono en en faisant le divertissement par excellence, celui qui sublime la peine de vivre et de mourir ? Car lâauteur sait bien que la conscience câest lâennui[11] » et quâil est un besoin vital pour lâhomme de trouver Ă sâen dĂ©tourner. Dans une boutade qui nâen est peut-ĂȘtre pas une Giono affirme Le cinĂ©ma jâentends par cinĂ©ma toute industrie dâillusion nous permet dâaccomplir nos crimes sans fatigue, sans danger, dans un fauteuil. Ajoutons que ce fauteuil aide Ă lâusage de la mĂ©taphysique dans la vie courante [âŠ][12]. homme dâavant le cinĂ©ma, devait, lui, parcourir de grandes Ă©tendues, quittant son village pour le village voisin, traversant la montagne Ă la lisiĂšre des nuages, pour obtenir cette divine satisfaction. Affronter lâabsurde ne va pas sans risque ni fatigue. [1] Qui a dit Un roi sans divertissement est un homme plein de misĂšres ? », Ćuvres romanesques complĂštes, III, Paris, Gallimard, BibliothĂšque de La PlĂ©iade », p. 606. DorĂ©navant ORC. [2] Le genre de la chronique » in ORC, p. 1288. [3] Fragment 139 des PensĂ©es dans lâĂ©dition Brunschvicg. [4] ORC, p. 459. [5] Albert Camus, Le Mythe de Sisyphe, in Essais, Paris, Gallimard, BibliothĂšque de La PlĂ©iade », 1965, p. 108. Edition Ă©tablie et annotĂ©e par Roger Quilliot et Louis Faucon. [6] Evidemment, câest un historien ; il ne cache rien il interprĂšte. Ce qui est arrivĂ© est plus beau, je crois. » ORC, [7] Lâabsurde naĂźt de cette confrontation entre lâappel humain et le silence dĂ©raisonnable du monde. » Albert Camus, Essais, p. 117-118. [8] ORC, p. 480. [9] Affirmation plusieurs fois rĂ©itĂ©rĂ©e dans le rĂ©cit. [10] Titre dâune Chronique de Giono mais appellation qui peut sâappliquer aussi bien Ă quâĂ Langlois. [11] Le DĂ©sastre de Pavie, in Journal, PoĂšmes, Essais, Paris, Gallimard, BibliothĂšque de La PlĂ©iade », 1995, p. 931. Ădition publiĂ©e sous la direction de Pierre Citron.
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